Il est étonnant que cette espèce commune dans notre région pendant la belle saison soit si peu connue, alors qu'elle ne vit qu'au voisinage des hommes à tel point qu'il est rare de la rencontrer loin des habitations.
Un arbre à proximité de la maison ou dans le potager et il n'en faut pas plus pour que cet oiseau y produise son chant caractéristique.
Très aigu, c'est une sorte de grésillement clair et précipité qui sonne comme un grelot. Il est émis longuement en strophes d'une dizaine de secondes séparées de courts silences. C'est ainsi qu'il se fait le plus facilement remarquer perché à la pointe d'un arbre ou sur un fil électrique.
Autrement, il passe souvent inaperçu. C'est un oiseau petit comme la Mésange bleue, dont il n'a pas les couleurs voyantes. Au contraire, son plumage est assez terne et se confond avec la végétation où il évolue. Jaune verdâtre, rayé de noir, le croupion et le bas du dos jaune citron, un bec court et obtus et chez le mâle un jaune vif, sur le front, la gorge et la poitrine. Rien que des couleurs qui ne le distinguent guère des milieux qu'il fréquente.
Cet oiseau fait partie de la famille des fringilles, comme le Pinson des arbres, le Verdier d'Europe, la Linotte mélodieuse, le Chardonneret élégant etc. Ils sont tous granivores. Leur bec conique aux mandibules tranchantes leur permet de décortiquer quasiment toutes les graines.
La recherche de celles-ci est donc aussi l'occupation essentielle du Serin cini. C'est près du sol qu'il trouve principalement sa pitance, à savoir les graines des « mauvaises herbes » le long des chemins et des talus, dans les terrains vagues, les jardins, les vergers etc. En été, lorsque les plantes potagères produisent des semences, il y trouve également son compte.
D'où l'importance de la part des gestionnaires d'espaces vert publics ou privés de tolérer les « herbes folles » et de les laisser monter en graines. Il y va de la survie de ces fringilles d'espèces variées pour l'agrément de tous ceux qui aiment la nature et sa diversité, à présent bien menacée.
Au 19 è siècle les Serins cinis étaient circonscrits à la région méditerranéenne où aujourd'hui encore ils sont abondants. Ensuite leur aire de répartition s'est progressivement étendue vers les régions plus septentrionales, dont la Lorraine, où, rares il y quelques décennies, ils sont devenus communs de façon quasi-inaperçue, sauf des observateurs avertis.
De leurs origines, ils gardent, également chez nous, l'amour de la lumière. C'est donc dans les espaces ouverts et les plus ensoleillés qu'ils sont à l'aise jusqu'au coeur des villes : jardins, parcs, cimetières, berges, pourvu qu'ils y trouvent quelques arbres, si possible des conifères, pour se percher et abriter leur nid.
Les Serins cinis sont des lointains parents de nos canaris en cage. Mais, ceux-ci à force de sélections successives sont devenus très éloignés de notre espèce originelle et sauvage que nous avons le plaisir de voir en liberté dans notre environnement.
C'est d'avril à fin août que nous pouvons entendre chanter le Serin cini à proximité de nos fenêtres. Par la suite, il est difficile de le repérer avant qu'il ne reparte en automne pour hiverner dans le Sud et l'Ouest de la France.