© Didier Collin
La Rousserolle verderolle est une chanteuse incomparable. Son registre dépasse celui de tous les autres oiseaux de notre région, y compris du rossignol. C'est pourtant celui-ci qui remporte la - palme - dans l'opinion.. En effet, il est bien plus abondant et réparti que la verderolle et il chante même la nuit, lorsque les multiples rumeurs du jour se sont estompées. Depuis des siècles, il est l'emblème populaire et littéraire de la beauté vocale des oiseaux.
Au contraire, il faut se donner la peine pour repérer les sporadiques cantonnements de la verderolle et savoir écouter et identifier sa colorature compliquée, mais moins audible. Elle reste une artiste méconnue.
© Hervé Michel
Pourtant, le chant de ce passereau est d'une virtuosité inouïe. Il est entièrement constitué d' imitations d'autres espèces, y compris de celles autochtones de l'Afrique dont elle a entendu les émissions sonores au cours de son hivernage. Certains individus sont capables de reproduire à la perfection, des bribes de chants d'une centaine d'oiseaux différents. Chaque mâle possède donc un répertoire qui lui est propre en fonction de sa mémorisation des vocalises perçues au cours de ses déplacements. C'est l'enchaînement des imitations et du phrasé qui font la typicité du chant de la verderolle, en l'absence de séquences spécifiques.
A l'opposé des ses cousines de même aspect, la Rousserolle effarvatte et la Rousserolle turdoïde, elle n'est pas inféodée aux roselières. Elle s'installe volontiers au bord des cours et plans d'eau, des marais, des fossés, des chemins, des gravières, voire dans des endroits seulement humides, mais toujours pourvus d'une végétation herbacée luxuriante. Elle affectionne partout les massifs de reine des près et d'orties.
Sans être abondante, elle est néanmoins assez bien répartie dans notre région, nichant même quelquefois à proximité des agglomérations. C'est ainsi que depuis trois ou quatre ans, on peut entendre et voir plusieurs chanteurs à divers endroits humides et touffus en périphérie du parc du Pas du Loup à Metz. Hormis par son chant, la verderolle ne se fait guère remarquer. Outre qu'elle évolue presque toujours à l'abri de la végétation basse et des buissons, son plumage brun clair dessus et blanc teinté de roussâtre dessous, est terne et ne porte aucune marque bien apparente. De plus, elle est très similaire à la Rousserolle effarvatte. Leur subtile distinction à la seule vue est affaire de spécialiste et requiert d'excellentes conditions d'observation. Les juvéniles aussi sont très semblables.
© Marcel van der Tol
Cette migratrice au long cours ne nous revient d'Afrique tropicale qu'en mai. Cette arrivée très tardive aurait deux explications. Le trajet qui la conduit de l'extrême sud-est du continent africain jusqu'à chez nous est particulièrement long. En outre, pour construire son nid dans la végétation herbacée, elle doit pouvoir le suspendre à de fortes tiges de plantes à la pousse déjà bien avancée. Cette condition s'impose d'autant plus que les femelles, seules à construire le nid, ne sont pas très expertes en la matière : leur ouvrage d'allure hérissée comporte une texture lâche et irrégulière de matériaux assez grossiers. Il paraît bien moins fini que celui de l'effarvatte.
De fin juillet à septembre, les Rousserolles verderolles repartent. On dispose donc de peu de temps chaque année pour faire la connaissance de cette espèce. En dehors de la Lorraine, elle est surtout présente dans le Nord et le Centre-Est de la France. Son aire de répartition principale s'étend sur une grande partie de l'Europe tempérée.