Incognito parmi nous

La Locustelle tachetée n'est pourtant pas rare et même quelquefois présente en périphérie des agglomérations, si les milieux qu'elle affectionne y existent. Mais, elle y vie très cachée et ses manifestations sonores monocordes n'ont rien d'attrayant et de plus prêtent à confusion.


Son chant n'est qu'un trille vibrant émis de façon prolongée et répétée qui ressemble à s'y méprendre aux stridulations d'une sauterelle. C'est dire qu'il faut être déjà bien initié pour repérer à l'audition la présence de ce passereau.
Quant à le voir, c'est encore plus difficile. Il se tient et évolue à l'intérieur de la végétation basse et touffue et ne se montre que rarement à découvert. Il court et grimpe avec agilité dans le fouillis végétal, mais répugne à voler. Et comble, son plumage de couleurs très mimétiques le camoufle fort bien son milieu herbacé dense.
Il a le dessus brun verdâtre rayé par des files de taches brun noir, le dessous blanc jaunâtre nuancé de brun pâle avec de légères rayures à la poitrine et le bas ventre très tacheté. La silhouette est svelte et la queue en proportion longue est cunéïforme.
Apercevoir une Locustelle tachetée relève donc beaucoup de la chance que même les naturalistes assidus n'ont que rarement. Mais, il n'est pas inutile de savoir qu'elle fait partie de notre avifaune régionale comme les mésanges, les moineaux et les corbeaux bien connus.
Au surplus, il n'est jamais exclu de pouvoir faire sa connaissance, au moins auditive, au hasard de nos promenades rurales ou semi-rurales même proches de nos habitations. Entendre un sirrrrrrrrrrrr aigu qui dure plusieurs minutes et se renouvelle devrait attirer l'attention et signaler sa présence. Ce, d'autant plus que cette manifestation sonore métallique et vibrante a une fréquence de 5 à 7 kHz qui permet de l'entendre jusqu'à 500 m à la ronde, en particulier tôt le matin et tard le soir, lorsque le bruit de nos innombrables engins motorisés est au ralenti.
C'est surtout les friches proches de nos agglomérations qui sont ainsi concernées. La locustelle affectionne en priorité ces milieux incultes. Elle cherche la végétation basse, touffue et enchevêtrée qui est piquée de petits arbustes. Les terrains humides et secs lui conviennent, mais avec une préférence pour les premiers. Dérangée dans son abri, il lui arrive de s'envoler au ras du sol pour plonger vite sous une proche couverture végétale et ne plus réapparaitre.
Toutefois, l'ardeur nuptiale entraîne parfois les mâles à chanter perché au sommet d'un petit buisson qu'ils escaladent peu à peu par paliers pour atteindre un rameau dégagé. C'est une des occasions privilégiées, mais rares, pour permettre à un observateur très patient de découvrir de visu ce petit oiseau d'habitude si bien caché.
D'ailleurs, il pousse sa discrétion jusqu'à voler de nuit pour rejoindre ses quartiers d'hiver au Sud du Sahara en Afrique occidentale : Sierra Leone, Liberia, Guinée, Mali. La migration commence aux premiers jours d'août. Fin septembre, la plupart des Locustelles tachetées ont quitté notre pays où ces insectivores ne trouvent plus leur pitance pendant la mauvaise saison. Elles reviendront de façon échelonnée à partir de la deuxième quinzaine d'avril jusqu'en mai. Dès leur arrivée, elles se mettent à la recherche d'un cantonnement dont la végétation et la tranquillité conviennent à leur besoin de vie secrète.

Créé le 15/06/2015 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net