Le rôle du bec se limite à la préhension et à la fragmentation de la nourriture, au décorticage des graines et des fruits à coque dure ou à la dilacération des chaires par les prédateurs. La salive ne sert que de lubrifiant pour ingérer l'aliment dans l'oesophage large et musculeux, en proportion. Cet organe est susceptible de servir de garde-manger grâce au jabot. L'estomac est composé de deux compartiments : le ventricule dont les nombreuses glandes ont un rôle de décomposition chimique et le gésier dont les puissants muscles ont une fonction mécanique de broyage. Le bol alimentaire peut repasser à volonté du gésier à l'estomac glandulaire et inversement pour assurer la parfaite trituration des aliments absorbés.
Les besoins alimentaires des oiseaux sont considérables tout au long de l'année. Le vol battu consomme dix fois plus d'énergie que la locomotion terrestre. S'y ajoute le besoin de maintenir la température du corps à 41° par tous les temps, la construction du nid qui demande plus de mille allers et venues au Pinson des arbres, le nourrissage des oisillons entraînant pour le Pouillot véloce jusqu'à 5oo becquées dans la journée, la mue qui remplace toutes les plumes, la migration qui exige des réserves de graisse pouvant augmenter avant le départ le poids normal de plus d'un tiers. Sauf les rapaces et les piscivores attrapant de grandes proies, la majorité des oiseaux consacre tout leur temps, hormis le sommeil et l'entretien du plumage, à la quête de nourriture.
Légèreté oblige, la digestion est très rapide. Chez les passereaux, elle dure en moyenne 1h30, les sucs gastriques étant extrêmement efficaces. Le Gypaète barbu -rare vautour en France- est même capable de digérer et d'assimiler des os. Les granivores absorbent des petits graviers qui agissent comme des meules sous l'action des muscles du gésier.
Le régime alimentaire conditionne les capacités de vol. Les Grues cendrées profitant d'une alimentation riche en hydrates de carbone disposent de ressources et réserves énergétiques les rendant aptes à soutenir le vol battu sur des distances de plusieurs centaines de km. Au contraire, les Cigognes blanches au régime carnivore riche en protéines mais pauvre en graisse, sont incapables de ces performances. Elles mettent des semaines pour rejoindre en vol à voile, d'une ascendance thermique à l'autre, leurs quartiers d'hiver en Espagne et en Afrique.
Les oiseaux ne consomment que ce dont ils ont besoin et ne succombent pas ainsi à la surcharge pondérale. Certes, les migrateurs au long cours se chargent de -carburant- de graisse avant de partir dans leurs très lointains quartiers d'hiver, mais à leur arrivée sur leurs lieux d'hivernage, ce matelas d'énergie a fondu. A leur exemple, nous avons donc le plus grand intérêt à nous adonner à des exercices physiques après les ripailles des fêtes de fin d'année.