On ne lui prête généralement aucune attention, sauf lorsque étonné et amusé, on le découvre comme intrus insolite sautillant, en quête de miettes, sous les gondoles d'un super-marché. Il n'a rien pour séduire : un aspect gris et terreux, aucun chant, que des piaillements.
Longtemps, il a été honni, puisqu'il enlevait les graines jetées aux volatiles de basse-cour et souvent en bande, grappillait les épis de blé mûrs et chapardait les fruits. Tout prélèvement au temps des pénuries était insupportable. A présent, une majorité de la population française est devenue citadine et la production agricole surabondante, cependant que les effectifs de moineaux n'ont pas augmenté.
Depuis les temps ancestraux, les moineaux domestiques - leur nom déjà le suggère -se sont parfaitement adaptés pour vivre quasi exclusivement à coté de l'homme.
Outre que les maisons et les dépendances abritent la plupart de leurs nids, ils sont les hôtes sans gène, mais très vigilants, de tout espace humain y compris les terrasses de restaurants.
Ils ne s'éloignent guère de plus d'un km des bâtiments qu'occupe la colonie et évitent de pénétrer dans les forêts. En montagne, ils ne s'installent pas dans les hameaux que les hommes désertent en hiver, mais ils colonisent facilement les gares et les sites industriels, leurs bruits et effervescences ne les dérangeant pas, dés lors où ils y trouvent de la pitance.
Cette espèce est à 75 % granivore ; elle consomme outre les céréales diverses souvent perdues, les semences d'une foule de plantes sauvages, également bourgeons, jeunes pousses et feuilles. Son alimentation est cependant très éclectique et comprend également à la belle saison des insectes, chenilles, pucerons, araignées et vers de terre et bien sûr en permanence toutes sortes de restes et de déchets alimentaires.
Les moineaux sont si proches des hommes qu'ils semblent en avoir copié leurs comportements. Tout en restant individualistes, ils vivent en colonies avec leurs semblables. On y "palabre" sans cesse, se chamaille, se dispute le rang, se fait la cour. Robuste et trapu, le moineau paraît lourd d'aspect voire de mouvement : son vol n'a rien de gracieux. A terre où il se nourrit souvent, il sautille les pattes écartées. En hauteur, il ne peut que se percher et n'est capable d'aucune prouesse d'acrobate ou de grimpeur comme les mésanges ou grimpereaux. Sédentaire toute l'année dans notre région, il sait assez bien résister aux grands froids en ne sortant de ses abris que pour manger ou en se regroupant le soir en ville par bandes sur certains arbres ou parois couverts de lierre, profitant ainsi de quelques degrés de plus.
Ces oiseaux sont rustiques, mais nullement pouilleux. La moindre flaque d'eau est occasion de baignades.
Bien que les moineaux ne chantent pas comme la plupart des passereaux, leurs piaillements ont bien des nuances selon qu'il s'agit des cris de contact, de colère, d'alarme, de peur etc. Il est difficile de s'y retrouver. En revanche, il est facile et très amusant d'observer leurs comportements nuptiaux qui commencent tôt dans l'année : le mâle fait visiter sa cavité à une femelle de passage, attirée par des sautillements. Lorsque le couple est formé, les parades du mâle se poursuivent et ce n'est qu'en avril que la femelle cède à ses avances en adoptant une attitude soumise, tremblant des ailes et relevant la queue. Tout ceci se passe dans un climat d'excitation collectif où parades et querelles bruyantes se mêlent.
A la fin avril a lieu l'incubation de 5 ou 6 oeufs, couvés à parts égales par les deux sexes. C'est surtout la mère qui ravitaille la couvée, le père après une dizaine de jours de participation, pense déjà à renouveler ses exploits conjugaux, car plusieurs nichées ont lieu dans l'année généralement à l'initiative du même couple. Cette nidification répétée compense la grande mortalité juvénile, due en particulier aux dangers qui les guettent dans le milieu urbanisé qu'ils habitent : circulation des véhicules, surabondance des chats.
Il ne faut pas confondre le Moineau domestique avec son proche cousin le Moineau friquet encore que l'occasion ne se présente pas souvent. Le Moineau friquet, qui ne fréquente que des aires franchement rurales, est peu abondant et l'est hélas de moins en moins en raison de la disparition de ses biotopes de prédilection : vieux arbres riches en cavités bordant les champs, les chemins et les ruisseaux ou peuplant les vergers. Ce campagnard a une calotte brun chocolat, une tâche noire sur les joues blanches ainsi qu'une bavette plus petite que le Moineau domestique dont la calotte est grise. .