Les faucons sont entrés dans la ville.

Depuis longtemps l'Epervier d'Europe chasse occasionnellement dans les parcs et jardins urbains, de même que le Faucon crécerelle niche dans les tours d'église et des buildings jusqu'au centre-ville L'arrivée du prestigieux Faucon pèlerin est récente et encore très sporadique.


On a pu dire que ce rapace revient de loin. Dans les années 1960- 70, il était au bord de l'extinction, stérilisé en bout de chaîne alimentaire par le DDT et victime d'un intense braconnage au profit de la fauconnerie. L'interdiction de l'emploi du DDT et la surveillance assidue des aires de nidification par les bénévoles des associations naturalistes a permis à la population de ces oiseaux de se reconstituer progressivement dans leur milieu traditionnel, à savoir en ce qui concerne l'Est de la France, les parois rocheuses des Vosges.


Ces dernières années, des couples se sont même installés successivement en plaine sur des tours d'églises et des cheminées d'usine. C'est le cas sur la Centrale Nucléaire de Cattenom et sur des clochers à Lunéville, Nancy, Saint-Nicolas du Port ainsi que tout récemment sur la Centrale thermique de la Maxe. Ils y ont trouvé l'équivalent des hauts et verticaux escarpements rocheux de leur habitat naturel.


Cette évolution, encore bien fragile, est très heureuse. Ce puissant et adroit rapace est en soi fascinant. De plus, chasseur d'oiseaux, ses principales proies sont le pigeon urbain et l'étourneau sansonnet en particulier dans les agglomérations et les sites industriels. Sans être en mesure, de par sa rareté en ces lieux, de réduire très sensiblement les populations de ces espèces envahissantes, il contribue cependant à leur régulation par ses prélèvements et par l'effarouchement qu'il provoque. Les observations suivies qui ont été menées à Mulhouse ont montré que dans le large voisinage du Faucon pèlerin les groupes les plus importants de pigeons n'atteignaient pas dix individus.


Le Faucon pèlerin aime à se poster à une grande hauteur d'où il arrive à repérer le gibier à une distance supérieur à 1 km. Spécialiste de la chasse des oiseaux en plein vol, sa puissance d'accélération, son habileté manoeuvrière et sa précision d'attaque sont inouïes. Ce rapace utilise deux méthodes de capture : la poursuite horizontale où ses rapides coups d'ailes larges et pointues l'amènent à une vitesse de 75-80 km/h derrière sa proie qu'il saisit soit au dos, soit en dessous, par une ultime acrobatie, enfin- et c'est vraiment sa spécificité- le piqué oblique ou quasi-vertical ou il se transforme, ailes repliées, en projectile d'une vitesse pouvant dépasser 300 km/h. Un record dans le monde animal et un spectacle éblouissant pour qui à la chance de le suivre.


Un dépit de ses énormes atouts qui expliquent la convoitise des fauconniers, le Faucon pèlerin subit des échecs. Si les proies l'aperçoivent à temps, elles arrivent éventuellement à se soustraire à l'assaut dans un brusque écart ou si elles ne sont pas trop éloignées du sol en se réfugiant au plus vite dans un arbre ou un buisson où le poursuivant ne cherche pas à les prendre. C'est dans les airs que cet oiseau est parfaitement à l'aise et tout confondu, sans rival.


Sauf à observer sa chute vertigineuse en chasse, le pèlerin n'est identifiable dans les airs que par les connaisseurs. Au repos, perché droit et à large poitrine sur un promontoire, son capuchon noir, ses grosses moustaches noires et lobées contrastant avec le blanc du coup caractérisent ce rapace de la taille d'un gros pigeon !

Créé le 09/03/2008 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net