Les oiseaux annoncent leurs noces



Se reproduire pour perpétuer l'espèce est l'unique but des oiseaux. Rien ne se fait au hasard et dans l'improvisation. Les noces sont strictement programmées et préparées à temps.


Après la mue, les canards mâles se parent déjà en automne de leurs plus belles couleurs pour séduire la partenaire avec laquelle ils convolent au cours de l'hiver. A la fin de l'hiver les jeunes corneilles célibataires commencent à courtiser leur élue par des révérences, plumes de la tête gonflées, ailes pendantes et queue en éventail. Dès le mois de février, on peut observer les acrobaties aériennes des rapaces et le non moins spectaculaire ballet nautique des grèbes huppés dont le plumage de la tête a pris pour la circonstance, l'aspect d'une fleur.


Mais la pleine saison des amours pour la majorité des oiseaux, est bien le printemps.


Les mâles sédentaires ou ceux migrateurs, à peine revenus de leurs quartiers hiver, commencent sans tarder à choisir, occuper et souvent réoccuper un territoire propice. Celui-ci doit offrir la possibilité de nourrir parents et enfants affamés, ainsi que de construire et placer le nid selon les exigences de l'espèce. Il faut la présence de conifères au Roitelet huppé, de berges de terre érodée au Martin pêcheur, des forêts de grands arbres à la Bondrée apivore, de la boue aux hirondelles.


La dimension du territoire nuptial est très variable d'une espèce à l'autre. 2 à 3 ares pour la Rousserolle effarvatte, 1 ha pour le Rouge-queue à front blanc, 400 à 700 ha pour l'Epervier. En ce qui concerne les hirondelles et martinets de même que les oiseaux d'eau, l'aire revendiqué se limite au nid et éventuellement à ses abords, les zones de nourrissage à savoir l'espace aérien, les étangs et la mer ne se prêtant pas à des délimitations.


Mais la majorité des autres espèces les revendiquent et les défendent âprement afin de garantir au couple nicheur une disponibilité suffisante de pitance. La compétition est de règle entre oiseaux d'une même espèce, mais pas seulement. La Mésange bleue, par exemple, ne supporte pas non plus dans son territoire la Mésange charbonnière ayant un régime alimentaire semblable.


La défense du territoire, aussi vitale soit-elle, donne rarement lieu à des violences physiques. Les intimidations sont suffisantes pour obtenir le respect des frontières. Chants, parades, postures et exhibitions de "l'uniforme" de circonstance constituent pour les mâles les armes efficaces de dissuasion vis à vis des concurrents et paradoxalement en même temps tous les atouts pour séduire une partenaire. Celle-ci perçoit dans la domination réussie sur un territoire, les garanties du bon déroulement de la reproduction.


L'agitation prénuptiale des passereaux, plus familière aux citadins, bat son plein fin mars, début avril. Les chants résonnent de partout dans nos jardins, fourrés et forêts. Tous les mâles ont rafraîchi, avivé et modifié les couleurs de leur livrée et s'adonnent à des parades diverses. Les moineaux domestiques exhibent leur plastron noir en dansant devant les femelles, les rouges-gorges leur poitrail rouge-orangé en chantant, monsieur Mésange bleue offre des becquées à son élue pour la rassurer sur l'offre alimentaire du cantonnement choisi. Toute ces manifestations sonores, visuelles et comportementales précèdent, entraînent et accompagnent la formation des couples.


Pour la majorité des espèces, l'union désirée et poursuivie avec tant d'ardeur et d'effets se termine peu de temps après l'envol des jeunes du nid. Le coucou détient la palme de la brièveté du mariage, il ne dure que le temps de s'accoupler.


A l'opposé, chez les corvidés, comme les Corbeaux freux et les Corneilles noires, ainsi que chez les canards, oies, cygnes et cigognes, la fidélité est constante et dure souvent toute leur vie au point que ces oiseaux restent souvent solitaires si l'un des conjoints a péri. On constate que la monogamie stricte est le fait d'espèces dont l'espérance de vie est supérieure à cinq ans et dont le taux de mortalité est inférieur à celui des passereaux. Il semblerait que pour favoriser la fécondité des petits passereaux à la vie courte, Dame Nature les ait encouragés à recourir à la polygamie afin de mieux assurer la survie des espèces. C'est ainsi que chez les Troglodytes mignons, le mâle devient volontiers polygame dans un site où la nourriture est abondante, le dispensant ainsi de seconder la mère pour alimenter la nichée.


Car c'est après les préludes et les fiançailles, que les devoirs, charges et entraides imposées par le mariage commencent vraiment : construction et/ou achèvement du nid, ponte, couvaison, nourrissage, éducation et surveillance des oisillons. Ce n'est pas une sinécure, car les risques sont très nombreux.


Créé le 07/03/2004 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net