Parmi les six espèces de pics présentes en Lorraine, le Pic noir est le plus grand. En plus svelte, sa taille est proche du Corbeau freux aux ailes toutefois plus longues. Comme le freux, il possède une robe noire uni à l'exception du rouge sur la tête chez le mâle ou sur la nuque chez la femelle. Ses yeux à l'iris blanc jaunâtres sont bien plus brillants et distinctifs.
Mais là s'arrête la comparaison entre ces deux oiseaux aux mSurs très différents. Le milieu habituel, mais non exclusif, du Pic noir est constitué par les grandes forêts en futaies de feuillus, mixtes et de conifères. En hiver surtout, il lui arrive de pénétrer dans les parcs urbains et les bois en périphérie des agglomérations.
C'est un oiseau spécifiquement grimpeur. Comme tous les pics, il possède quatre griffes très acérées opposées deux à deux et une queue rigide qui lui sert d'appui.
Les souches, les épais troncs et grosses branches d'arbres de préférence dépérissant ou morts. constituent sa niche écologique. C'est là qu'il trouve sa nourriture de fourmis, d'insectes et leurs larves, xylophages surtout.
Sa langue longue et gluante est munie de barbillons pointés vers l'arrière servant à retenir les proies. Mais qui plus est, muni d'un grand bec fort et pointu, tel un ciseau de sculpteur sur bois, il est capable de soulever des écorces même très dures, de piocher les souches et de creuser des cavités atteignant 25 cm de profondeur. L'usure provoquée par cette activité de forage est compensée, comme chez toutes les espèces de pics, par une croissance continue plus rapide que chez les autres oiseaux.
C'est aussi à l'aide de cet outil que les Pics noirs peuvent excaver la spacieuse cavité qui leur est nécessaire pour nicher, mais où ils aiment s'abriter toute l'année. Ce sont effet des oiseaux sédentaires assez fidèles à leur gîte d'une année à l'autre dès lors où il n'a pas été squatté par un autre animal comme la Chouette hulotte.
Dans le passé les Pics Noirs ne fréquentaient que les forêts de moyenne montagne Dans notre région, ils n'étaient présents que dans le massif vosgien. Au cours des dernières décennies, cette espèce s'est installée progressivement un peu partout dans les grandes forêts des collines et des plaines.
Toutefois, ces oiseaux revendiquent sans partage, solitaires ou en couple, des espaces de 250 à 500 ha Les chances de les voir sont donc réduites en proportion inverse. Heureusement que leurs manifestations très sonores les trahissent de loin et sans confusion. Au printemps, leur tambourinage nuptial est audible à plus d'1 km Il ressemble à une rafale de mitrailleuse comportant 35 à 45 coups de bec pendant 3 secondes contre un bois mort ou creux propre à amplifier le son produit.
Toute l'année, ils émettent en vol leur krukrukrukru typique et posé, leur cri non moins unique et étrange klieuh, klièèh. Ce dernier sonne comme un grand gémissement plaintif de nature à contribuer au sentiment romantique que l'on est susceptible d'éprouver dans une vieille et profonde forêt. Par leur robe noire et leur tristes plaintes, ils symbolisent en quelque sorte les enterrements de la biodiversité !