Pinson des arbres © Jean CharennatAlors qu'une grande partie des passereaux sont déjà partis pour hiverner en Europe du Sud ou en Afrique, nous pourrons encore observer nos Pinsons des Arbres qui restent toute l'année parmi nous et dont le nombre est même augmenté pendant la mauvaise saison par ceux fuyant les rigueurs climatiques du Nord et du Centre de notre continent.
Mais à toute époque de l'année, les Pinsons sont fréquents et leurs effectifs n'ont pas eu à souffrir, au contraire de bien d'autres espèces, des changements qui affectent les paysages. Comme leur nom le précise, leur habitat est constitué par les arbres. Ils se trouvent donc bien chez eux dans les forêts, les parcs des villes, les jardins, le long des routes. Ce sont des milieux encore nombreux, étendus, vastes et guère traités chimiquement à l'instar des cultures. Le voisinage des maisons ne les gêne pas. En hiver, ils fréquentent volontiers les mangeoires.
Pinson des arbres © Jean CharennatLa deuxième raison de l'abondance de cette espèce est son grand éclectisme alimentaire. Les substances végétales représentent environ les trois quarts de sa nourriture, or les graines, semences, pépins, faines, baies dont elle se nourrit, appartiennent à plus d'une centaine de genres et d'espèces. A la belle saison, une partie appréciable de la nourriture consistant en invertébrés est cueillie dans le feuillage des arbres : coléoptères, papillons, pucerons, chenilles, araignées etc. Les Pinsons n'ont donc pas cette spécialisation étroite qui, avec la réduction drastique de certains milieux, est fatale à bien des espèces. Diverses graines représentant leur nourriture principale, c'est souvent à terre qu'ils prélèvent leurs aliments. Raison de plus pour pouvoir facilement les observer. Grâce à ses couleurs vives- le poitrail rouge vineux, le dessus de la tête et le cou gris bleu- le mâle est aisément identifiable. La femelle, au contraire, au plumage brun jaunâtre assez pâle, est bien terne et plus discrète, très avantageusement pour mieux échapper à l'attention des prédateurs pendant la couvée qu'elle assume seule.
La propension au célibat des mâles ( d'où son nom latin : Fringilla coelebs=célibataire ) retrouve son acuité dès la fin de la nidification. Ils vivent alors en société avec d'autres congénères du même sexe, les femelles allant généralement de leur coté en effectuant des déplacements erratiques plus importants, voire des migrations partielles.
Il est donc plus aisé pour les mâles de se cantonner dès le mois de février pour les futures noces. A partir de là, cet oiseau volontiers grégaire autrement, revendique sans partage un territoire d'un hectare en moyenne. Dans les milieux favorables : jardins et parcs, cet espace peut être bien moindre. Les limites de son canton sont marquées par des postes qu'il choisit et où, perché, il émet le matin et le soir son chant fréquemment répété- 300 à 400 fois par heure- C'est une courte strophe sonore d'une douzaine de notes descendant en cascade avec une fioriture finale. Pendant la période nuptiale et surtout par temps sombre et humide, il égrène aussi inlassablement son « huit » appelé « cri de pluie » En automne, ses manifestations sonores se transforment en un babil soutenu mais en sourdine.
Dire d'une personne joyeuse qu'elle est « gai comme un pinson » n'est donc ni péjoratif pour elle, ni injuste pour lui.