Rossignol, la clé des chants

© Tancrez Thierry
© Tancrez Thierry

C'est le passereau qui est le plus mentionné et célébré, sous forme allégorique, dans la littérature et les chansons de tous les temps. Il symbolise le jaillissement du printemps, le lyrisme, l'exaltation amoureuse. C'est l'éclat de son riche et vigoureux chant qui lui a donné exclusivement cette place dans l'imaginaire des hommes.


En effet, son plumage est terne et discret au point qu'assez peu de personnes l'ont aperçu. A peine plus grand que le moineau, notre Rossignol philomèle ( remplacé en Europe centrale par son cousin le Rossignol progné ) a le dessus brun uniforme, le dessous gris beigeâtre et la queue rousse. De plus, il se tient toujours sous le couvert des buissons et fourrés. Pour l'observateur, il est même agaçant de ne pas pouvoir le repérer alors que son chant tonitruant la situe à quelques mètres seulement.


© Bourgogne Vatar
© Bourgogne Vatar
Roulades, trilles, crescendo flûtés, murmures, gloussements et brefs arrêts se succèdent rapidement de façon nuancée, limpide et variée. Du point de vue purement mélodique, le rossignol a de sérieux émules qui l'égalent, voire le dépassent à ce titre: le Merle noir, la Rousserolle verderolle, la Grive musicienne, la Fauvette à tête noire et l' Hypolaïs polyglote,


Mais le rossignol chante aussi la nuit. Alors soliste à la voix qui porte très loin, il a le don d'impressionner vivement les hommes pendant ces heures propices au calme, à la détente et à la rêverie. Encore plus invisible dés lors, il gagne en mystère, ce qui contribue grandement à son prestige sans partage.


© Cordoba Alban
© Cordoba Alban
Les rossignols sont relativement abondants. Il n'y a guère de haies et de bosquets jusqu'aux abords de la ville qui n'hébergent ces musiciens virtuoses. La végétation basse et dense au-dessus d'un sol couvert de feuilles mortes et autres débris végétaux a leur prédilection. Ils y trouvent insectes, larves, araignées et oeufs de fourmis qui constituent la base de leur régime alimentaire. Ce menu s'enrichit à la fin de l'été de diverses baies leur procurant les réserves énergétiques pour la longue migration qui les conduit en Afrique tropicale pour y passer l'hiver.


Ils reviennent dans nos régions vers la mi-avril. Le mâle est le premier à retrouver le site familier où il s'était établi l'année précédente. Quelques jours plus tard, il se trouve généralement une femelle qui répond à ses parades et qui se charge de construire le nid. Pendant ce temps son compagnon défend, en chantant, le territoire du couple et chasse les intrus de son espèce cherchant à se cantonner à proximité. Il n'est pas rare d'entendre à 50 m de distance deux chanteurs qui s'installent.


© Tellia Michel
© Tellia Michel
L'armature du nid est constituée de feuilles mortes entourant une coupelle faite de brins d'herbe, de radicelles et de crins. Placé entre 50 cm et 2m de hauteur dans un fourré, il reçoit en moyenne cinq oeufs. A l'éclosion des jeunes après 13 jours de couvaison, le mâle cesse de chanter et participe au nourrissage des oisillons. Ceux-ci émancipés, il reprend ses vocalises éperdues qu'il apprend aux jeunes dont cet art n'est pas inné. Vers la fin juin, les mâles ne chantent plus et ces oiseaux sont alors quasi-indécelables bien qu'ils ne quittent notre région que pendant la mi-août après avoir effectué leur mue.


© Rasson Gabriel
© Rasson Gabriel
La période est donc relativement courte où ces virtuoses peuvent enchanter ceux qui, au pas de leur porte, veulent bien les écouter. C'est le regret de tous ceux qui se réjouissent tous les ans du concert printanier des oiseaux où le rossignol tient le premier violon depuis le fond des âges en inspirant les poètes et en régalant toutes les âmes sensibles à la nature.


Créé le 22/05/2006 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net