La deuxième quinzaine d'avril est une période extrêmement propice. Le verdoiement de la végétation est seulement à ses débuts. Les branches, rameaux et ramilles sont encore très dépouillées. Il est donc plus facile d'apercevoir les oiseaux qui s'y posent. Par la suite, le feuillage a pour conséquence de les soustraire à notre regard.
C'est pour cette raison que bien des espèces pourtant communes dans nos agglomérations et leurs périphéries ne sont pas vus, voire connus, surtout lorsqu'il s'agit d'oiseaux au plumage neutre. Nombreux sont ceux parmi nous qui ont déjà entendu le chant du rossignol, mais sans l'avoir jamais vu. La Fauvette des jardins qui ne fréquente pas les jardins, mais, qui n'est pas rare dans les espaces arborés à proximité de nos villes et villages est très peu connue. Elle évolue de façon systématique à l'intérieur de la ramure des arbres et des buissons ; de plus, par son chant elle ne se révèle qu'aux oreilles exercées ; il ressemble trop à celui de la familière et abondante Fauvette à tête noire. Pourtant, chaque espèce possède un répertoire qui n'appartient qu'à elle. Spécifiques, les émissions sonores sont en réalité distinctes. Entre le bref gazouillement monotone du Tarier pâtre et les riches vocalises de la Rousserolle verderolle la différence est même considérable.
C'est en entendant un chant que l'on remarque le plus souvent la présence des petits oiseaux. Certes, pour la majorité d'entre nous l'audition seule est en général insuffisante pour déterminer l'espèce en cause. Il faut souvent s'armer de patience, en étant de préférence muni d'une paire de jumelles, pour arriver à apercevoir l'individu qui s'est fait entendre. En général, ce sont les couleurs du plumage lorsque l'oiseau est posé qui nous permettent de l'identifier, s'agissant des mâles surtout, puisque ce sont eux les plus colorés. Cependant, dans certaines familles, les oiseaux possèdent des couleurs, dessins et marques très proches. C'est le cas en particulier des divers pouillots et rousserolles visibles dans notre région.
Le chant des mâles sert à revendiquer un territoire et à dissuader les concurrents, puis en même temps au contraire à attirer et à séduire une femelle. D'ailleurs, il n'est émis que pendant la période nuptiale à savoir le printemps. Après les oiseaux n'émettent plus que des cris d'alarme ou des cris de ralliements pour assurer les liens entre les membres d'un couple, d'une colonie de Moineaux domestiques par exemple ou d'un groupe en migration comme c'est le cas des Grues cendrées avec leur fameux grou-grou audible d'habitude en automne.
Il convient de tenir compte du fait que les oiseaux sont des lève- tôt ! C'est à l'aube que leurs chants sont les plus fréquents et soutenus. Il s'agit de vite rappeler aux concurrents la possession du territoire et ce au moment où dans le calme relatif du matin les sons portent plus loin. Par la suite, la recherche de nourriture prime.
Il est heureux pour l'observation que certains oiseaux aiment toutefois à se percher pour chanter. C'est soit au sommet d'un arbre comme le Rougequeue à front blanc, ou celui d'un buisson comme la Fauvette grisette et la Linotte mélodieuse, soit sur un pieu, un fil électrique comme le Tarier pâtre ou le Buant proyer, soit encore au faîte d'un mur ou d'un toit comme le Rougequeue noir. Enfin, d'autres se postent à découvert pour guetter et chasser leurs proies. C'est le cas de la Pie-grièche écorcheur, du Gobemouche gris et du Martin pêcheur. A contrario, la Locustelle tachetée n'émerge quasi jamais de son habitat naturel, à savoir la végétation basse et dense où elle évolue incognito et ce, d'autant plus que son chant monotone ressemble aux stridulations d'une sauterelle.