Identifier correctement ces deux pipits n’est pas très difficile pour peu que l’on s’attache à ce qui fait leur spécificité. C’est ainsi que j’aborderai successivement l’habitat, l’aspect de chacun, les critères de plumage et la voix.
Par souci de simplicité, j’utiliserai les abréviations suivantes : Pda pour le Pipit des arbres et Pfa pour le Pipit farlouse.
Ce critère à lui seul peut suffire en période de reproduction. En effet, grosso modo, le Pda est un oiseau des pelouses sèches tandis que le Pfa préfère les prairies humides.
En Europe tempérée, le Pda nicheur occupe les espaces incultes, couverts d’une végétation herbacée modérée et comportant des ligneux (bosquets, arbres isolés et buissons), comme postes de chant pour le mâle et perchoirs. Ces milieux qu’on peut qualifier de pelouses se trouvent sur les pentes et rebords de plateaux calcaires, sur les pentes des reliefs jusqu’à plus de 2000 m d’altitude quand la forêt leur laisse la place, ainsi que dans les milieux de transition avec la forêt (lisières et ourlets, grandes clairières, plantations).
Le Pfa quant à lui recherche pour nicher la prairie humide au sens large. Il la trouve dans les plaines alluviales, les dépressions ainsi qu’en périphérie des plans d’eau, des marais et des tourbières, le long de certains cours d’eau et même en altitude sur les reliefs bien arrosés, ce qui peut créer une confusion avec son congénère. Les prairies peuvent être de fauche ou pâturées. Tous les milieux humides occupés ont en commun une végétation herbacée conséquente et quelques perchoirs (buissons, arbustes, piquets de clôture, tas de fumier…).
En comparaison directe, ce qui est rarement le cas, le Pda est un peu plus grand, un peu plus massif, avec un bec plus fort et souvent tenu un peu relevé, mais cela reste quand même assez subjectif. Voici deux photos pour chaque espèce, un adulte et un jeune, en vue de profil. (source : banque de photos d’Oiseaux.net avec l’aimable autorisation des auteurs)
Pipit des arbres |
Pipit farlouse |
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Pipit des arbres |
Pipit farlouse |
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La caractéristique importante réside dans la striation de la poitrine (1) et des flancs (2).
Des stries noires longitudinales y sont bien visibles. Ce sont ces stries qu’il faut regarder et plus particulièrement celles des flancs.
Chez le Pda, on note une différence de taille entre les stries de la poitrine, bien marquées, et celles des flancs, visiblement plus fines.
Chez le Pfa, les stries sont aussi marquées sur les flancs que sur la poitrine, flancs sur lesquels elles forment très souvent deux lignes noires parallèles.
Mais attention, chez le jeune oiseau, les stries des flancs sont moins marquées que chez l'adulte, d'où une confusion possible avec un Pda.
Attention aussi à la position des ailes qui peuvent cacher plus ou moins les flancs, parfois totalement. Il faut saisir le bon moment.
La différence de plumage entre adulte et jeune n’est pas évidente après l’émancipation de ces derniers. On peut dire néanmoins que le plumage juvénile est plus net et plus chaud. Plus net car il est neuf. Plus chaud car il présente une tonalité rousse, bien visible sur les parties inférieures. Mais attention, un Pda adulte peut être déjà teinté de roux dessous, en particulier sur la poitrine.
Une autre caractéristique est la taille de l'ongle du doigt postérieur. Ce dernier n'est pas souvent visible, mais quand il l'est, c'est un bon critère.
Chez le Pda, l'ongle postérieur a à peu près la taille du doigt tandis que chez le Pfa, il est visiblement plus long.
Ce critère est visible sur les photos des jeunes oiseaux ci-dessus.
On trouve sur le site anglophone « xeno-canto » de bons exemples de cris et de chants des deux espèces.
https://xeno-canto.org/species/Anthus-trivialis
https://xeno-canto.org/species/Anthus-pratensis
Le cri du Pda est un « psih » impur, émis le plus souvent isolément. C’est le cri qu’il pousse lors de ses déplacements ou à l’envol quand on le dérange au sol. |
Le cri du Pfa est bien différent. C’est un « tsit » ou « psit » aigu et pénétrant, émis le plus souvent à la suite, ce qui donne un « tsitsitsitsitsit » rapide. |
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Le chant du Pda est émis depuis un poste de chant élevé et dégagé, le plus souvent le haut d’un arbre dominant la pelouse. Il est sonore et composé de plusieurs séquences différentes. La dernière, « skifskifskifskif… » fine et aigue, accompagne parfois une descente oblique vers le sol. |
Le chant du Pfa est émis depuis un poste de chant bas, petit buisson, piquet de clôture, fil barbelé etc. Il est bien différent de celui du Pda. La phrase est plus simple. C’est une suite rapide de « psit » proches du cri, allant s’accélérant et s’affinant. Il peut aussi se conclure par une descente au sol. |
Conclusion
L’intérêt de cet article est de comparer directement ces deux espèces de pipits que l’on a rarement l’occasion de voir ensemble et qui peuvent prêter à confusion. Pour plus ample informé, on peut consulter leurs fiches respectives sur oiseaux.net et visionner leurs galeries de photos.
Addendum
Attention, en octobre, lors de la migration post-nuptiale de beaucoup d'oiseaux nordiques, il peut y avoir confusion entre le Pfa et le Pipit à gorge rousse de 1ère année (photo ci-dessous) qui se ressemblent beaucoup.
On reconnait habituellement ce dernier à ses "bretelles" blanches formant un V sur le manteau qui est donc plus contrasté, àsa poitrine en moyenne plus tachée et sur fond plus clair, à son croupion et ses sus-caudales tachés, à son ongle postérieur plus court, de la taille du doigt, enfin à son cri qui se rapproche de celui du Pda, mais plus fin et pénétrant qu'on peut écrire "psiiit".
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Cri de Pipit à gorge rousse
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