La première difficulté tient au fait que l’homme est loin d’avoir des capacités auditives à la hauteur de celles d’un oiseau.
La hauteur de la plupart de leurs chants qui se situe dans les aigus dépasse notre acuité auditive dont la meilleure zone se situe entre 1et 4 kilohertz alors que beaucoup de chanteurs vocalisent entre 4 et 6 kilohertz quand ils n’atteignent pas d’autres sommets, aux alentours de 8.
Le temps n’arrange guère nos affaires, ce qui fait, par exemple, que, passée la soixantaine, il n’est plus guère possible de percevoir les trilles d’un roitelet.
Autre obstacle : la fréquence.
C’est là, probablement, que notre infériorité à l’oiseau est la mieux mise en lumière : sur ce plan, un oiseau est capable de séparer 400 sons à la seconde tandis que nous sommes limités à 40 sons, tout bonnement 10 fois moins.
Ainsi, nous ne sommes guère capables de percevoir des chants au débit particulièrement rapides, tels que ceux de l’Alouette des champs ou du Serin cini, entre autres.
Ne nous désolons pas, tout de même.
Certaines choses peuvent être améliorées par un entrainement bien conduit.
Mais, avant même de prendre le chemin de l’école, il n’est pas superflu de mettre au clair certaines notions, facilitant ainsi les efforts à accomplir sur le terrain.
Les cris constituent des émissions brèves, souvent monosyllabiques et ne dépassant guère deux ou trois notes.
Pour autant, il n’est pas sans intérêt d’en comprendre le sens qui permet également d’améliorer notre compréhension et notre connaissance d’une espèce.
Les cris de contact sont fréquents
Les migrateurs en sont très certainement les principaux utilisateurs : en effet, Ils permettent au groupe d’oiseaux de conserver sa cohésion, indispensable, même et surtout de nuit.
Les Grues cendrées en constituent un bon exemple.
En d’autres circonstances, bien différentes, on peut observer que chez les Guêpiers d’Europe, au moment de la couvaison, ce genre de cris peut servir à prévenir le conjoint au nid que le moment du relais entre époux est arrivé.
Le cri d’alarme est, à coup sûr, le plus important. Il conditionne la vie de l’oiseau, celle de son groupe. Ses nuances sont riches et subtiles.
L’oiseau qui alarme, peut bien, en modulant sa voix, prévenir de l’arrivée d’un prédateur terrestre ou bien de celle d’un rapace envol.
Chacun comprendra que cet outil est l’on ne peut plus précieux.
D’autres cris plus rauques nous viennent aussi et flattent nos oreilles.
Notre vocabulaire est sans conteste plus riche que nos facultés auditives. Les oies cacardent, les cigognes craquètent, les grues trompettent. Chez les Hérons, des cris gutturaux concordent bien à notre zone de confort auditif.
Oui mais…
Au sein de leurs colonies, il est aussi des cris d’appel provenant des jeunes qui réclament leur pitance.
Là, il fait être très attentif et concentré pour les entendre car ces cris d’appel sont dans un registre aigu.
C’est une mélodie ; parfois une symphonie. Pourquoi ces chants ?
Gai comme un pinson dit l’adage. Le pinson qui chante n’est en fait ni triste, ni gai. Ce sont essentiellement les mâles qui chantent.
Bien des observateurs comptent les mâles chanteurs comme, par exemple, les Gorge bleue à miroir.
Ils chantent pour séduire, pour attirer une femelle qui deviendra peut-être sera la mère de leurs enfants.
Du reste, l’analyse des périodes de chant montre bien qu’elles coïncident avec l’époque de la reproduction. Oui mais. Pour être en mesure de séduire, il faut posséder un territoire.
Sa conquête et sa défense sont indispensables et ne manquent pas d’avantages pour l’oiseau.
Ses efforts renforcent son assurance, limitent son stress en milieu inconnu, et il a été observé que les risques de mortalité diminuent.
Des comportements comparables se retrouvent chez d’autres espèces telles que le Héron cendré.
L’heure est aux parades nuptiales.
Si l’on veut bien excepter les cas, bien connus, des Phalaropes ou du Pluvier guignard, ce sont les mâles qui déploient leurs plus beaux atours.
Tout est alors permis, ou presque ; acrobaties aériennes, offrandes, caresses. Certains se rendent même en des lieux spécifiques appelés arènes.
Place aux chants, par conséquent, car les impétrants crient ou chantent à syrinx déployée.
Le moment est idéal : il faut aller les voir, d’autant plus que ce sera une formidable occasion d’être l’heureux témoin, non seulement des parades, mais encore des offrandes et des accouplements.
Evidemment, les embûches sont toujours légions.
Pour d’autres, probablement moins doués, ou dépourvus de solutions, l’espoir réside surement dans la conduite d’un ornithologue confirmé et, aussi, dans quelques livres, accompagnés de CD ROMS qui facilitent la découverte.
C’est une histoire de temps. Il faut le prendre car la récompense est toujours au bout de l’effort.
Il est deux armes imparables : la patience et la ténacité.
Certes, le printemps ne dure qu’un temps, et l’hiver revient vite.
Qu’importe, au fond, car au plus profond de l’hiver on peut encore entendre cris et chants si les Grues y consentent et si une Grive dont nous avons parlé naguère vient guérir, la nuit tombée, les sanglots parfois longs de l’automne.