Fringille, donc amateur de graines, ce petit oiseau ne dépasse guère la taille d’une Mésange bleue bien qu’il soit plus élancé.
Acrobate s’il en est, le Tarin des aulnes s’accommode aisément de toute les postures aussi invraisemblables soient-elles.
Oiseau de fin d’hiver ou des premiers jours du printemps, il apparaît soudain alors que l’on ne l’espérait plus.
Il essuie en s’ébrouant avec l’élégance qui le caractérise, les averses de grêle.
Actif et vigoureux, il est aussi pugnace et ne cède pas sa place à la mangeoire même face à son cousin le verdier pourtant réputé pour son agressivité et ses petites batailles.
Bec en avant, il déploie ses ailes et la queue, montre leurs belles couleurs jaunes.
On remarque au premier regard la bande alaire entourée de noir, puis ses rectrices, jaunes pour les externes et noires pour les centrales.
Tarin rime bien avec lutin. C’est vraiment un lutin, un elfe…
Dès les premiers instants il capte le regard qui ne s’en détache plus.
Tête en l’air, tête en bas, bec ouvert ou fermé, il nous séduit sans peine, avec l’aisance qui lui est naturelle.
Son bec, précisément, est assez long et fin, ce qu’il a, en partage, avec le chardonneret, mais n’est pas très courant chez les fringilles.
Le dimorphisme sexuel est bien marqué comme en bien d’autres cas, le mâle se distinguant par sa belle calotte noire et, dans la même couleur, une bavette à peine ébauchée.
Avec entre 10 et 18 millions de couples nicheurs en Europe, le Tarin des aulnes bénéficie d’un statut dans l’ensemble favorable.
C’est toutefois un oiseau qui pourrait à la rigueur être tenu pour assez rare en France. Sa patrie, puisque l’on nomme ainsi son aire de reproduction, est boréale.
Les chiffres parlent.
La Norvège et la Finlande associées accueillent une population de l’ordre de 2 millions de couples et la Russie environ 9 millions.
Avec nos 2000 couples, nous faisons figure de parents pauvres.
Ajoutons à ceci qu’il se regroupe dans nos massifs montagneux, Vosges, Jura, Alpes, et Pyrénées, dans une moindre mesure.
En hiver, de considérables fluctuations sont constatées dans le nombre de nos visiteurs selon les années, de l’abondance à la pénurie.
Autrement dit, les occasions de l’admirer ne sont pas bien nombreuses en plaine.
Il est bon de savoir, même s’il nous délaisse alors un peu, qu’à l’heure des nids de 4 à 6 œufs sont pondus puis couvés pendant deux semaines par la femelle seule.
Il n’y a donc pas de relais entre époux, à la différence d’autres espèces, mais le nourrissage de la progéniture sera bien partagé pendant les deux semaines qui suivront l’éclosion.
De tempérament grégaire, le tarin se montre hautement territorial à l’époque de la reproduction.
C’est un pur migrateur, sous la simple réserve de cas isolés, des exceptions qui ne font que confirmer la règle.
Lorsque l’on a la chance de recevoir sa visite au jardin, la joie et l’admiration se teintent d’étonnement voire d’émerveillement, car on a du mal à concevoir qu’un si petit oiseau est peut-être sur la longue route qui va le conduire jusqu’en Russie.
Il convient de l’accueillir dignement car il mérite tous les égards.