L'homme et l'oiseau

Au sein de cette nature qui nous enchante, il est des êtres auxquels nous nous attachons plus, chacun ayant ses préférences. Le choix est difficile, il faut l’avouer.
Le Renard, malin et si beau dans sa robe hivernale.
Ou bien le Sanglier, parfois brutal, d’une beauté abrupte ?
Pourquoi pas l’écureuil, parfois confiant, souvent curieux, tellement séduisant en toutes saisons ?
Bien d’autres encore…
Pour ma part, c’est l’oiseau que je préfère.
Symbole de liberté, il vole, le plus souvent avec une grande élégance.
Ses moeurs sont étonnantes et nous apprennent souvent les valeurs la vie.
Son histoire est bien riche, entourée de légendes, et quand nous cherchons à le connaître mieux, il complète notre culture, tel ce moineau qui a fait un grand voyage(1) pour conseiller les hommes et nous a révélé une complicité littéraire entre George Sand, auteur officiel et Honoré de Balzac qui a fait, une fois de plus, un clin d’oeil à l’histoire en cette circonstance.
Des auteurs merveilleux nous ont permis de découvrir la vie de cet être étonnant qui nous vient des reptiles.
Paul Géroudet et Jean Dorst (2) occupent le haut de la liste des lectures à recommander.
Qu’en est-il aujourd’hui des rapports entre l’homme et l’oiseau ?
Ils tiennent sans doute essentiellement aux relations que l’homme entretient à présent avec son environnement.
La branche a été coupée, et les mises en garde du Professeur Dorst, énoncées pourtant, il y aura bientôt un demi- siècle, semblent le plus souvent être restées lettre morte.
Que c’est dommage !
Mais l’espoir demeure tout de même, car quelques frémissements semblent se faire jour, notamment chez les plus jeunes, et il n’est pas interdit de penser qu’un jour peut-être la sagesse aura le dernier mot.
Force est de constater tout de même que la nature souffre encore, et chaque jour un peu plus de valeurs à court terme, de l’appétit d’argent, de l’urbanisation et de l’emprise croissante de l’être humain.
De très nombreuses espèces voient leurs effectifs se réduire comme une peau de chagrin, quand elles ne sont pas menacées d’extinction.


La liste rouge des organisations internationales s’allonge chaque année.
Que l’oiseau pourrait-il faire lorsque ses habitats disparaissent ?
S’adapter, bien sûr, et il ne manque pas de le faire, tel le Héron garde-boeufs pour citer un exemple.
Mais les limites sont là, malheureusement, et il ne peut guère les repousser.
Il est des satisfecit à décerner.
Mais ils concernent, hélas, le plus souvent des passionnés qui oeuvrent quotidiennement dans l’espoir de sauver ce qui peut l’être encore.
Sans parler de reproches, on peut pour le moins penser que des questions se posent.
Sans doute, en ces temps difficiles, marqués par une économie austère, n’est-il pas de saison de parler un peu fort de l’environnement.
Au demeurant, des projets destinés à rendre à la nature, notre environnement, une plus juste place, semblent être tombés dans les oubliettes.
Seraient-ils devenus politiquement incorrects ?
La réalité atteste d’une démarche inverse. Un exemple, peut-être ?
Le bassin d’Arcachon, zone d’hivernage d’importance mondiale est, chaque jour un peu plus pollué entre autres par des rejets à la mer. Pollué, donc menacé à tel point que de vieux sages vous disent que - le bassin, c’est foutu -. Il existe une sérieuse documentation pour justifier ces craintes.
Et que font les responsables ?
En situation d’échec patent en ce qui concerne le traitement des ordures ménagères pour une population d’un peu plus de 100 000 habitants, ils échafaudent des plans d’urbanisme en toute quiétude pour la porter au double à l’horizon 2025.
La liste est tellement longue…


La chasse a ses excès. Elle s’entoure, c’est bien triste, de pratiques, de décisions ou de d’inactions fâcheuses.
Comment peut-on laisser commettre, il n’y a pas d’autres mots, des actes de braconnage, sans faire appliquer les textes pourtant clairs ?
Nul n’est-il donc choqué de voir impliqués dans ces sombres pratiques des gardes-chasse, des responsables cynégétiques, voire des élus locaux pourtant chargés de veiller au respect du droit ?
Quel excès de zèle ou quelle ignorance peut-elle donc conduire à suspendre sur le domaine maritime le moratoire dont profitait jusqu’à lors le Courlis cendré ?
Une bataille de chiffres qui ressemble à s’y méprendre à celle qui oppose systématiquement les autorités aux organisateurs quant au nombre de participants à telle ou telle manifestation.
En danger le courlis ? Mais non voyons, il se porte à ravir.
Que n’écoute-t-on pas la voix de nos partenaires européens qui s’investissent dans sa protection ?
Comment comprendre qu’aucune voix autorisée ne se soit élevée pour interdire de tirer à 50 mètres d’une réserve ?
On nous objecterait en vain la règle des frontières.
Que la réserve soit grande, petite, large ou étroite, l’oiseau mérite bien une zone de quiétude égale au moins à celle qui concerne les habitations.
Lorsque la réserve est à la fois de dimensions modestes et d’une forme allongée, cet espace de non droit est un bien vilain piège : confiants dans ce qui est pour eux un refuge, les oiseaux ne volent pas haut, s’approchent en confiance et se font lâchement tuer ou, pire sans doute, blesser par des maladroits. On peut être lassé du spectacle affligeant de spatules blanches sanguinolentes (oiseau protégé n’est-ce pas ?) de courlis à l’aile cassée ou de bécassines unijambistes.
Une autre question doit être posée à propos du partage des espaces entre les usagers.
Elle aussi tient à la protection indispensable que nous devons tous à la faune.
Le simple promeneur n’est pas le moins du monde à l’abri des reproches.
Il suffit d’aller sur une plage qui offre, à marée haute, des reposoirs nécessaires à la vie, pour ne pas dire la survie, de plusieurs espèces pour s’en convaincre.
Le badaud insouciant ignore visiblement jusqu’à leur existence.
Aucun chien n’est tenu en laisse.
Au contraire, un maître, à l’esprit joueur, sûrement, le lance à l’eau en lui lançant un bâton, juste vers les bernaches cravant qui s’envolent, n’en croyant pas leurs yeux.
Un autre jour, c’est un véliplanchiste qui les fait fuir.
A telle enseigne que certains ornithologues sont tout disposés à proposer d’interdire l’accès à certaines plages (au demeurant bien connues) lors des heures de pleine mer par forte marée.
Arrêtons là cet inventaire qui pourrait être fastidieusement long.
Il est loin d’être exhaustif.
Que faire alors ?
Des actions de sensibilisation, d’éducation sont utiles partout et toujours, mais il est bien difficile de les conduire avec efficacité.
Une démarche simple peut être faite en quelques clics.
Il faut faire entendre la voix de l’oiseau.
Qu’on n’y songe ! Il y a, par exemple, 1 200 000 chasseurs en France. La LPO est forte de…45 000 adhérents.
Voici qui explique pour une bonne part certains arbitrages.
Il est flagrant que les amis des oiseaux sont très largement plus nombreux que ces 45 000 adhérents.
Le pire n’est jamais sûr.
Et le temps est venu de réagir.

(1)Voyage d’un moineau de Paris à la recherche du meilleur gouvernement
(2)Jean Dorst - Avant que nature meure - Delachaux et Niestle -
Paul Géroudet - Histoire naturelle des oiseaux d’Europe ( 6 volumes)

Créé le 04/11/2013 par Patrick Fichter © 1996-2024 Oiseaux.net