Tout un chacun connaît les fabuleuses aptitudes visuelles des oiseaux qui permettent, par exemple, aux rapaces de déceler à des distances incroyables une proie même de petite taille.
La perception des ultraviolets donne à la Mésange bleue la capacité de reconnaître son mâle ou sa femelle, et elle n’est pas la seule.
Plus encore, en raison d’une configuration bien spéciale du cerveau, les oiseaux peuvent littéralement voir le magnétisme terrestre.
C’est vraiment utile pour les oiseaux migrateurs.
Pour qui les observe attentivement, il est évident que leur regard s’oriente différemment à de très brefs intervalles.
Les expressions qui en découlent sont donc très différentes et, pour le moins, variées.
L’une d’entre elles qui implique souvent non seulement l’œil, mais le corps tout entier est commune à de nombreuses espèces avec, toutefois, des significations très différentes.
De nombreux limicoles regardent vers le ciel, et c’est, par exemple le cas du Petit Gravelot.
Le sens de ce regard est, si ce n’est la crainte, du moins l’attention vive, la surveillance des lieux, car notre ami au cercle d’or sait bien que le danger peut venir du ciel. Il est, bien entendu, spécialement vigilant pendant sa période de nidification.
Qui sait si un faucon, un goéland mal intentionné, ou tout autre prédateur ailé ne pourrait devenir subitement une menace ?
La cruelle histoire montre qu’il advient que ce soit un prédateur terrestre, en la circonstance un blaireau qui, échappant aux mailles du filet, vient faire un repas de ses œufs.
C’est, fort heureusement, tout à fait exceptionnel.
La femelle du Milan noir regarde aussi l’azur lorsqu’elle attend son conjoint pour une offrande ou une proposition d’accouplement.
Mais en évoquant le regard vers les cieux, c’est avant tout au Martin-pêcheur que l’on songe.
Encore jeune, immature, il se tend, dans une belle extension, pointant bec et regard vers le ciel.
Dans son cas, le sentiment est celui de la curiosité.
Il suffit que trois Guêpiers, dont il partage souvent le site, viennent à le survoler en chantant pour qu’il se fige dans cette attitude réflexe. Un seul moineau bavard peut aussi faire l’affaire.
A en croire les meilleurs auteurs dont Paul Géroudet, il adopterait la même posture en cas de pluie.
Ce comportement serait donc inné et ne dépendrait pas uniquement de la curiosité.
Puisque nous parlons du Guêpier aux expressions si riches et intenses, nous aurons le dernier exemple avec ses jeunes lors des derniers jours qu’ils passent dans le terrier.
Agés d’environ 23 jours, c'est-à-dire une semaine avant leur grand bond vers la liberté, ils attendent, observant tous les azimuts. En haut, à gauche, à droite, vers le bas, ils n’ont pas de cesse, et les choses se densifient au fil des jours.
Il est aisé d’expliquer cette posture, le regard qu’ils portent vers les cieux.
Physiologiquement, ils ont faim, tout simplement.
Leurs parents qui, le moment venu, savent en jouer avec subtilité, le savent bien et nous offrent de merveilleux spectacles accompagnés de conciliabules d’une très rare beauté aux tout derniers moments.
Le sentiment dominant, pour eux, serait donc la convoitise. A moins que d’autres pulsions ne les animent, mais là, il faut être Guêpier soi-même pour le savoir.