Il n’est pas le plus grand, il n’est pas le plus petit.
De taille moyenne, le Grèbe à cou noir n’en est pas moins charmant. Lorsque les aléas de l’hivernage lui font côtoyer le Grèbe esclavon, la distinction ou l’identification ne sont pas toujours aisées. Quoique...
Notre Grèbe à cou noir rend en moyenne une centaine de grammes à son cousin et quelques petits centimètres.
En situation d’observation, la tâche se complique et seuls quelques signes discrets viennent à notre aide. Le bec sans doute, droit et terminé par une pointe blanche chez l’esclavon, et franchement retroussé chez notre ami à cou noir.
C’est probablement l’indice le plus commode.
On ne saurait les différencier par la voix car l’un comme l’autre en sont avares pendant l’hiver.
Pourtant, il est faux de dire que l’esclavon se taise à ce point. J’ai pu récemment entendre son cri aigu, assez proche d’un chant de passereau, franchement lointain des accents de basse du grand Grèbe huppé.
On ne pourra guère le confondre avec le plus petit de la famille, le charmant castagneux qui ne dépasse guère les 150 grammes soit la moitié de son poids.
Mangeurs de poissons comme il se doit au pays des grèbes, ce n’est probablement pas leur régime alimentaire qui pourra voler à notre secours.
Les mœurs peut-être…
L’esclavon, le plus proche, ne niche pas en France mais en Islande, en Russie, ou en Scandinavie, la Finlande détenant le record avec une moyenne de 3 000 couples.
Cette absence, finalement peut-être provisoire, donne un sérieux atout à notre ami du jour fort de plus de 1 600 couples.
Admettons que toutes nos régions ne logent pas du tout à la même enseigne. A quelques nuances près, ses nids sont réservés, chez nous, aux grandes régions d’étangs : Forez, Brenne, Dombes et Sologne.
Il est connu pour son grégarisme, et ses rassemblements à l’occasion de sa migration prénuptiale, jusqu'à 13 000 oiseaux sur l’Etang de Berre un certain mois d’avril, ou lors de ses migrations de mue.
C’est, en tous les cas, un oiseau adorable.
Parfois, en suivant ses bulles, on parvient à le surprendre lorsqu’il revient à la surface.
Mais, si tout est calme autour de lui, il se montre tranquille, fidèle en amitié, en quelque sorte, et montre sa toilette et son bain.
Il arrive que l’un d’eux naisse avec une légère malformation, tel celui qui séjourne depuis 3 mois dans une réserve bien connue. Son bec est un peu singulier, mais cela ne semble nullement le handicaper, qu’il s’agisse de pêche ou de toilette.
La maturité sexuelle, donc ses apanages, apparaît à l’âge de un ou deux ans.
Il n’est pas si facile de deviner le moment auquel il enfilera son costume de noces.
On peut penser qu’en cette tenue nuptiale il est le plus beau.
Noir de cou et de tête, il orne sa joue d’un admirable toupet de plumes où l’or domine, tandis qu’il maintient le noir pour son dos et sa poitrine, sans oublier le bec qui devient noir aussi, avec pour seule réserve les flancs qu’il décore de roux.
Une pareille beauté vaut bien l’espoir, la patience, des heures d’attente potentiellement vaines, pour avoir le privilège de l’admirer dans ses plus beaux atours.