Champion du camouflage

Le plumage du Torcol fourmilier a l'aspect d'une écorce d'arbre. Dans notre région, ce mimétisme n'a d'équivalent que chez le rare Engoulevent d'Europe aux moeurs nocturnes.
Du fait de sa robe mimétique, le torcol est difficile à observer. De plus sa taille ne dépasse guère celle du Pinson des arbres. Enfin, il est bien moins commun et plus localisé que ce dernier.
La présence du Torcol resterait le souvent anonyme, si au printemps il n'émettait pas ses cris très sonores et bien typiques en séries de 8 à 14 sons précipités. Ces strophes sont répétées cinq à six fois par minute : kiékiékiékiékiékiékié. Mâle et femelle -s'expriment- de la même façon se répondant ainsi dans leur territoire.
Les torcols sont des migrateurs au long cours Ils hivernent en Afrique tropicale d'où ils reviennent à partir de la mi-avril pour repartir déjà dans la 2e quinzaine d'août et en septembre.
Leurs émissions sonores s'arrêtent déjà à la mi-juin La période propice ou celle, au contraire, hasardeuse pour remarquer cet oiseau sont donc assez courtes dans l'année.
Les caractéristiques étranges du torcol méritent pourtant grand intérêt. Son aspect de lambeau d'écorce est bien insolite, de même sa propension en cas de danger à étirer et à contorsionner lentement le cou pour se donner une allure de serpent destinée à dissuader les prédateurs. C'est de cette faculté que lui vient son nom.
En raison de certaines particularités anatomiques, des doigts et de la langue en particulier, il est classé dans la famille des pics. Pourtant, il ne grimpe pas, ne creuse pas le bois, ne tambourine pas et n'est pas sédentaire, comme tous les autres pics. Toutefois, comme eux, il niche dans une cavité qu'il ne creuse pas, mais au besoin squatte. C'est un cas vraiment à part.
A partir de 1980, ses effectifs ont subi un continu et fort déclin. Au cours des dernières années, la situation semble s'être un peu améliorée en Lorraine. Mais, des craintes restent justifiées en considération de sa raréfaction dans la majorité de ses aires de présence traditionnelles en France et ailleurs en Europe. Les causes sont multiples, comme toujours dans ces cas. En l'occurrence, il est tentant de penser que cette diminution est liée à la régression ou à la transformation de milieux que cette espèce affectionne : vergers traditionnels, pâtures, friches, pelouses, parcs etc. Au surplus, les traitements chimiques massivement appliqués détruisent ou réduisent de toute évidence la microfaune dont le torcol se nourrit.
L'essentiel de l'alimentation est constitué par des fourmis auxquelles s'ajoutent des araignées, divers insectes, chenilles, pucerons et petits mollusques, surtout quand les fourmis restent au nid par mauvais temps. Les proies sont capturées avec la langue effilée, vermiforme, très mobile et gluante qui peut être poussée loin hors du bec, ce qui constitue une caractéristique de tous les pics. Etant grand consommateur de fourmis, le torcol se déplace beaucoup à terre où il fouille à coup de bec les fourmilières avant d'y glisser sa langue pour récolter larves et insectes.
Pour assister à ce spectacle, la difficulté consiste à repérer ces oiseaux si mimétiques. En cas de réussite, on peut très bien les détailler durablement avec une paire de jumelles, car ils ne sont pas très farouches et il leur arrive de se reposer immobiles sur un rameau.

Créé le 11/04/2012 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net