L'exotisme a notre porte. Peu de personnes s'en aperçoivent. Pourtant, un peu plus grand qu'un merle, le mâle à le corps d'un jaune or éclatant, les ailes noires, bec vieux rose et iris rouge cerise, ce qui le fait ressembler à ces oiseaux chatoyants des forêts tropicales que nous avons l'habitude de voir en volières chez les marchands d'animaux et dans les jardins zoologiques. Les femelles dont le plumage est un mélange de vert olive, jaune et brun, est plus mimétique.
Dans la nature, ils sont difficiles à détecter, car ces oiseaux évoluent essentiellement dans les frondaisons des grands arbres dont le feuillage les dissimule. Etonnement, même les teintes spectaculaires, noires et dorées des mâles se fondent parfaitement dans le miroitement changeant et nuancé des feuilles agitées. Ces oiseaux affectionnent la proximité de l'eau, n'hésitant pas y plonger d'un arbre pour prendre leur bain. C'est pourquoi ils s'installent volontiers dans les alignements de grands peupliers, aulnes et trembles bordant une rivière.
Comme c'est le cas pour beaucoup d'espèces farouches et discrètes, on ne se rend compte de la présence des loriots qu'en entendant le chant du mâle, vraiment caractéristique et unique dans son genre sous nos latitudes. C'est un sifflement sonore, une mélodie simple et brève souvent répétée : dideluo... didlio... On peut l'imiter assez facilement en sifflant et fait rare dans le monde des oiseaux, le loriot se laisse souvent duper par cette grossière contrefaçon en s'approchant dans la cime des arbres, sans doute pour vérifier s'il ne s'agit pas d'un concurrent pénétrant sur son territoire.
Contrairement à ce que leur nom français suggère, ces oiseaux apparaissent bien plus africains qu'européens. D'ailleurs sur l'année, ils ne séjournent, au maximum, que 4 mois chez nous, arrivant début mai et commençant à repartir déjà dans la première moitié d'août. Le reste de l'année, le temps du grand périple déduit, est passé en Afrique Orientale : Kenya, Ouganda. La plupart rejoignent ces lieux lointains en traversant les Alpes, l'Italie, la Péninsule grecque, l'Egypte etc. (où au passage, ils se gavent de figues et de dattes)
Photo prise au baguage © Jean-Philippe ParisAlors diable, pourquoi tant de peines et de risques pour venir nidifier chez nous en franchissant des milliers de kilomètres, déserts, mers et montagnes ? La même question se pose pour bien des espèces migratrices au long cours. La reproduction génère un besoin alimentaire considérable que la table africaine, vu le nombre des affamés de toutes sortes à cette période, n'arrive plus à offrir à tous. Cependant que sur le continent européen, c'est l'explosion de la vie végétale et animale.
Le fait est que lorsqu'ils arrivent pour procréer, les loriots trouvent en abondance les coléoptères, chenilles, papillons, sauterelles, araignées, mollusques... puis fruits (merises et cerises) qui forment leur pitance et celle offerte à leur progéniture, en moyenne quatre oisillons.
Curieusement le nid lui-même a un coté tropical puisqu'il a la forme d'un hamac suspendu au-dessus du vide à l'extrémité fourchue d'une branche horizontale, aussi loin que possible du tronc afin de se protéger des prédateurs grimpeurs, comme la martre. Il est composé de fibres et de lanières d'écorces, herbes sèches, paille, toiles d'araignées.. solidement entrelacées. Le fond de ce berceau est garni de divers matériaux plus fins et douillets, climat plus frais oblige. C'est pendant la construction du nid que l'on a la plus grande chance de voir venir les loriots brièvement à terre.
Difficile et rare, la vue de ces oiseaux, hors du commun par leur plumage et leur ramage, a de quoi étonner les plus blasés. Pour les frustrés d'exotisme, c'est une façon de transformer partiellement et à bon compte, le rêve en réalité.
Oiseau insolite, le Loriot d'Europe est présent en été dans toute la Lorraine, en petit nombre et dispersé. Quelques couples nichent aux portes de Metz, comme dans la forêt de Peltre.