Ces comptages sont facilités par deux comportements de cette espèce. Ces canards très grégaires peuvent être observés bien groupés la plupart du temps. Qui plus est, ils se tiennent et évoluent souvent à terre où ils ont pour habitude de pâturer comme les oies. Le chiffre déjà notable de ces hivernants en Lorraine, est considérablement grossi sur les côtes de la Manche et de L'Atlantique ainsi qu'en Camargue où ces anatidés stationnent par milliers
La présence de ces oiseaux se fait remarquer par le sifflement aigu des mâles : huî-ou. C'est une manifestation sonore bien exceptionnelle parmi les diverses espèces de canards. D'où le nom qu'ils portent en français, comme en allemand «Pfeifente.» et en suédois «Blässand»
Grâce aux couleurs nettes et tranchées des mâles, les siffleurs sont faciles à identifier. Ce qui frappe d'emblée, ce sont la tête et le cou d'un roux soutenu et surtout la bande jaune paille qui couvre le front et une partie de la calotte. Hormis la poitrine rosée, le reste du plumage est constitué de gris, de blanc et de noir. Comme chez toutes les espèces de canards, les femelles possèdent un plumage plus terne et mimétique. Leur destin consistant à assumer l'essentiel des nichées, il est très adéquat d'avoir une robe qui passe mieux inaperçu des prédateurs.
Cette opportunité se vérifie pleinement lors de la nidification qui a lieu en Islande, en Scandinavie et en Russie, dans un environnement de type boréal et sub- arctique. En Scandinavie et en Russie, ces palmipèdes occupent la taïga et la toundra avec leurs rivières, lacs et marais. En Sibérie centrale, c'est le plus abondant des espèces canards de surface, qualifiés ainsi pour ne pas plonger comme le familier Canard colvert, mais pour seulement «barboter» la tête dans l'eau.
Le Canard siffleur pourrait aussi être dénommé «brouteur» car il consomme pour l'essentiel des végétaux de toute nature sur et dans l'eau ainsi que souvent à terre. Sur les rivages de la mer il mange des algues, dans les eaux douces, il se nourrit de lentilles d'eau, de renouées, rubaniers etc. ; à terre il broute trèfles, fétuques, pâturins, ray-grass et autres graminées. Cette nourriture étant peu protéinique, il passe 12 à 16 heures par jour en hiver à s'alimenter. Il absorbe aussi des graviers pour faciliter l'émiettement et le broyage des aliments dans le gésier. A cette occasion, il lui arrive hélas aussi d'avaler des plombs dans les régions de chasse, en France surtout.
Ne serait-ce que parce qu'ils viennent de très loin, ces oiseaux ont un attrait insolite comme bien d'autres hivernants venus des régions extrêmes d'Europe et d'Asie. Ils illustrent le phénomène définitivement étonnant, aux aspects encore mystérieux, des grandes migrations saisonnières.
En automne et en hiver des vagues de froid peuvent provoquer des déplacements massifs vers des régions épargnées plus au Sud. En temps normal, les siffleurs d'Islande hivernent en Ecosse et en Irlande ; ceux de Scandinavie et Russie occidentale stationnent aux Pays-Bas, en France, en Grande -Bretagne et dans le Nord- Ouest de l'Allemagne ; ceux de Sibérie centrale et occidentale vont dans les mers Caspienne et Noir, en Grèce et Turquie.