Notre année civile commence avec janvier.
Nous sommes alors en plein cœur de l’hiver.
Nos fidèles hivernants sont là, avec des Cigognes de plus en plus nombreuses, la plupart des canards, et quelques emblèmes dont la Grue cendrée et la Bernache cravant.
Dès le 15 février, la nature change de ton, le vent sent l’Est, et l’on sent bien que tout bascule.
La durée des jours augmente sensiblement et l’on devine le printemps, tout proche.
Bien sûr, la migration reste ce phénomène incroyable, si émouvant que l’on ne peut y rester insensible malgré quelques décennies passées à l’observer, l’impatience vigoureuse et le cœur battant.
Dans le monde végétal, arbres et arbustes prolongent leur sommeil qui n’est qu’une illusion de torpeur car ce que nous nommons « la mauvaise saison » est pour eux une préparation lente, sage, mais active, avec la croissance des bourgeons.
Et puis soudain, la vie éclate, allant crescendo de mars à fin mai.
Les premières feuilles rendent l’environnement plus vert ; les premières fleurs éclosent.
Ficaires, primevères acaules et ornithogales ouvrent le bal, en compagnie des violettes.
Nous sommes charmés par les premiers papillons, Citrons, et Vulcains, ce dernier étant, lui aussi migrateur.
Bien entendu, le calendrier diffère selon que l’on habite la montagne ou bien la plaine.
Qu’importent les dates finalement ?
Nous ne sommes pas à un mois près.
Bientôt, la fleur du coucou s’épanouira pour annoncer, avec une symétrie ou une concordance des temps parfaite, le retour de l’un de nos plus célèbres migrateurs.
Au monde de l’oiseau, le Milan noir est souvent l’un des premiers.
Il sera bientôt suivi par les Gorges bleues, puis par les hirondelles, les Echasses, le Loriot, le Torcol, et enfin, l’un des derniers, mais non des moindres, Le Guêpier.
Que le printemps est beau !
C’est la saison de l’amour chez les oiseaux.
Chants, parades, accouplements et construction des nids s’enchaînent, savamment dirigés par un chef d’Orchestre fort doué.
Les chênes, un peu tardifs, se couvrent d’un superbe feuillage, bientôt suivis par les Acacias, tandis que l’incomparable flambé effectue ses premiers vols, cherchant des fleurs encore trop rares à son goût.
Le hérisson fait ses premières sorties.
L’été nous rejoint avec ses touffeurs. Le Guêpier ne se montre plus guère, occupé à couver.
Nous en sommes avertis par la floraison du chèvrefeuille et des orpins jaunes.
Au sein de la colonie des Hérons Pourprés, c’est tout le contraire.
La vie explose avec les enfants grandissants qui se querellent sans relâche dans les saules qui les ont vus naître, et les parents qui ne savent plus où donner du bec pour rétablir la discipline et leur apporter leur pitance.
Juillet et Août conduisent des touristes nombreux au bord de l’arc atlantique, mais le calme règne dans la nature, certainement moins tentante que les plages pour beaucoup.
C’est au tour des jeunes Guêpiers de guetter la provende, avant de se risquer au grand saut dans la vie.
Pour les Martins-pêcheurs, l’heure est à la conquête de territoires de pêche. Chassés très tôt par leurs parents du canton familial, pour des raisons tenant aux besoins de l’espèce, ils montrent le bec à leurs concurrents.
Un oiseau rare, tel que le Pluvier fauve, posera, certaines années bénies, les pattes en France.
Le Crabier chevelu fera sa toilette, annonciatrice d’automne.
Septembre est bientôt là, saison des bains joyeux pour la Bécassine des marais, le Chevalier cul-blanc, ou les jeunes combattants.
Octobre nous permettra d’entendre les premiers coups de trompette des Grues.
Les arbres font pamoison, tiraillés entre roux, jaunes et rouges. Ils sont splendides avant de commencer petit à petit à perdre leurs feuilles.
Beaucoup de nos visiteurs d’été ont déjà posé leurs plumes en Afrique.
D’autres, nicheurs nordiques, nous rejoignent peu à peu : les Sarcelles d’hiver, les Pilets nous reviennent avec les premiers fuligules, et les Bernaches cravant décorent à nouveau l’estran, accompagnées de leurs enfants de l’année.
Il est largement l’heure, pour le hérisson de préparer son abri et d’envisager son long sommeil d’hiver.
Décembre sera vite là, entamant l’hiver.
Décidemment, Vivaldi avait raison !
Les quatre saisons sont un authentique bonheur.