Musicienne

En certains soirs

L’âme en désordre

Proche des sanglots longs

Peut ressentir une lassitude telle

Que l’on a plus seulement

L’envie de voir

Le crépuscule

Durer un peu encore

Une grive

Une amie

Qui avait attendu

Les premiers signes de nuit

Se pose toute proche

Et entame un concert

Qui remet l’âme en ordre

Répare les rêves brisés

A peine interrompus

En suspens dans le doute

Cette voix riche

Familière amicale

Touche l’âme et le cœur

Les sanglots s’estompent

S’effacent devant la joie

L’espoir réveillé

Juste à temps

Par le talent d’un oiseau

Qui sait bien

Faire la nuit belle

Avec comme seuls instruments

Sa voix et son talent

Il n’est pas douteux, en effet, que parmi tous les attraits de la Grive musicienne, son chant remarquable compte parmi les plus précieux.

Il est dynamique, riche et varié.

Généreux pour tout dire.

On a beau dire qu’au concours des chanteurs, le Rossignol figure toujours à la toute première place, le doute est permis et, pour ma part, j’avoue que, même l’appréciant beaucoup, je le place tout de même légèrement en dessous de celui de la grive qui m’a toujours profondément ému.

On entend ses strophes richissimes de février à mai pour l’essentiel ; de préférence tôt le matin ou alors tard, le soir.

Comme tous les chanteurs, elle affectionne les postes élevés.

Je n’ai jamais eu l’occasion de la voir chanter depuis le sol, contrairement à son cousin le Merle noir.

En migration, elle se contente d’un « tsip » que l’on peut entendre surtout la nuit car sa migration est essentiellement nocturne, même si le déplacement peut se poursuivre pendant la matinée.

Qui est-elle donc cette amie ?

Elle est connue, bien sûr, pour ses fameuses enclumes : les pierres sur lesquelles elle s’appuie pour casser la coquille des escargots dont elle raffole.

Toutefois, elle est loin de dédaigner loches et lombrics.

Et puis, l’été venu, elle change de régime et se régale de baies variées, allant de celles du buisson ardent et du prunus, sans négliger celles du lierre, et d’autres encore.

Au monde des Turdidés, le Merle noir est une référence, l’étalon or si j’ose m’exprimer ainsi.

Il pèse, en moyenne autour de 100 grammes et chacune de ses cousines pourrait se situer comme plus petite ou plus grande que le merle.

Ainsi la Grive draine ainsi que la Litorne (haute en couleurs avec sa nuque grise) le dépassent en poids allant de 110 à 125 grammes en moyenne.

Notre chanteuse émérite n’est pas la plus petite à l’aune de ses 80 grammes et laisse cette place à la belle Grive mauvis qui compense, elle « l’islandaise », ses 65 petits grammes par un joli sourcil blanc très marqué.

Quand vient le printemps, il est temps, pour elle, de penser aux amours.

Dès la mi-mars la construction du nid commence. C’est une coupelle de brindilles, solidement fixée aux branches qui l’entourent et garnie d’un mélange de mousse, de feuilles et d’herbes sèches.

A l’intérieur, l’oiseau dispose des boulettes d’un mastic constitué de bois pourri et de terre gâchée et humecté d’eau ou de salive.

Madame Grive (car Monsieur ne participe guère à ce travail) en enduit les parois du nid pour ensuite les lisser par des mouvements de la poitrine.

En séchant, ce torchis durcit et prend la consistance du carton.

C’est toujours un bonheur de découvrir ce bel ouvrage, qui plus est, dans son jardin.

Avril est le mois des premières pontes.

Quatre ou cinq œufs d’un joli bleu, légèrement marbrés de noir y sont déposés par la femelle qui va les couver, seule, pendant près de deux semaines.

A l’âge de 13 jours, les jeunes prennent leur envol.

Ils sont été nourris, au nid, par leurs deux parents. Après la sortie, ils recevront encore la becquée pendant deux ou trois semaines.

Dès la mi-mai une deuxième nichée se met en route, non loin du nid quand ce n’est pas dans le même nid.

Belle et fière, voici la grive.

Créé le 01/05/2020 par Patrick Fichter © 1996-2024 Oiseaux.net