Hibou moyen-duc

Asio otus - Long-eared Owl

Systématique
  • Ordre
    :

    Strigiformes

  • Famille
    :

    Strigidés

  • Genre
    :

    Asio

  • Espèce
    :

    otus

Descripteur

Linnaeus, 1758

Biométrie
  • Taille
    : 35 à 40 cm
  • Envergure
    : 90 à 100 cm.
  • Poids
    : 260 à 435 g
Longévité

27 ans

Distribution

Distribution

Description de la famille

La famille des Strigidés est une famille de rapaces à activité nocturne présents sur tous les continents à l'exception du continent antarctique. Elle comprend 26 genres et 216 espèces dont la taille va de "très petite" à "grande". Il n'y a pas de dimorphisme sexuel. Les femelles sont simplem... lire la suite

Identification

Hibou moyen-duc
adulte
Hibou moyen-duc
adulte

Le Hibou moyen-duc est un hibou de taille moyenne (une 40e de cm de longueur pour une envergure d'un mètre environ et un poids de 3 à 400 g). Son plumage très cryptique est pratiquement le même quels que soient l'âge et le sexe. Le mâle est en moyenne un peu plus pâle que la femelle mais la différence de taille entre les deux n'est pas flagrante.
Les parties supérieures montrent un mélange très subtil de gris et de roux avec des vermiculures noirâtres et sont très mimétiques avec les troncs et les branches des arbres de son habitat arboré. Les ailes et la queue, grises et rousses, sont barrées de noirâtre. Une rangée de taches blanches est visible de chaque côté au niveau des scapulaires, qui augmente encore l'aspect cryptique. Chaque tectrice montre un dessin d'une extrême finesse. Les parties inférieures pâles, crème à roussâtres, sont nettement striées de noirâtre en "arêtes de poisson". Il y a une assez grande variabilité dans l'intensité des teintes et des dessins, à la fois inter-individuelle au sein d'une sous-espèce et entre les 4 sous-espèces actuellement reconnues. Les "wilsonianus" d'Amérique du Nord sont les plus sombres.
La face est remarquable. Le disque facial roux d'aspect arrondi est bordé sur les côtés de noir et de blanc. En son centre, deux larges arcs de cercles blancs forment comme un V ou un X d'où émerge la pointe du bec noirâtre et dont les concavités bordées de noir mettent en valeur les yeux jaunes à orange. Au-dessus du disque facial se dressent deux longues touffes de plumes noires, avec un peu de blanc et de roux, qui forment comme des "oreilles" ou des "cornes". C'est cette caractéristique qui a donné à l'espèce son nom anglais de "Long-eared Owl". Ces "aigrettes" sont la plupart du temps dressées et très visibles lorsque l'oiseau est posé. En revanche, en vol, l'oiseau les rabat sur les côtés et elles ne sont plus visibles. C'est dans ces circonstances que le moyen-duc peut être confondu avec le Hibou des marais car les deux ont le dessous des ailes pâle avec les poignets noirs. Ce dernier est globalement plus pâle, en particulier au niveau du disque facial, a le ventre sans marques et un vol beaucoup plus souple dû à des ailes plus longues.
Lorsqu'il est dérangé de jour, le moyen-duc affine son corps, rétrécit son disque facial en fermant partiellement les yeux qui scrutent l'intrus.
Les pattes sont nettement emplumées jusqu'aux doigts d'un plumage feutré crème ou roux.
Le poussin est couvert d'un duvet gris clair et a la face noire.

Indications subspécifiques 4 sous-espèces

  • Asio otus otus (Europe, Asia and n Africa)
  • Asio otus canariensis (Canary Is.)
  • Asio otus tuftsi (w Canada to n Mexico)
  • Asio otus wilsonianus (sc and se Canada to sc and e USA)

Noms étrangers

  • Long-eared Owl,
  • Búho chico,
  • bufo-pequeno,
  • Waldohreule,
  • erdei fülesbagoly,
  • Ransuil,
  • Gufo comune,
  • hornuggla,
  • Hornugle,
  • myšiarka ušatá,
  • kalous ušatý,
  • Skovhornugle,
  • sarvipöllö,
  • mussol banyut,
  • Eyrugla,
  • uszatka (zwyczajna),
  • ausainā pūce,
  • mala uharica,
  • Ушастая сова,
  • トラフズク,
  • 长耳鸮,
  • hornuggla,
  • 長耳鴞,

Voix chant et cris

Hibou moyen-duc
1ère année

Le Hibou moyen-duc est plutôt silencieux la plus grande partie de l'année. Il ne devient vraiment vocal qu'à la période nuptiale. En début de saison, on peut entendre le chant du mâle territorial, une succession de "Ououuh" légèrement dédoublés et de tonalité assez élevée, nettement plus élevée par exemple que celle du chant du Hibou grand-duc avec lequel on pourrait le cas échéant le confondre. Ce chant porte à plus d'un km.
La femelle répond par des "weeeuu" plaintifs. La pariade est accompagnée de claquements d'ailes sonores.
Le cri d'alarme est une suite de 2(3)4 "woink" sonores, comme aboyés.
Le juvénile déjà grand quémande bruyamment à longueur de nuit sa nourriture avec des "kiiiih" éraillés et sonores qu'on entend de loin. Lorsqu'il y a plusieurs jeunes qui appellent, ce qui est le plus souvent le cas, leurs cris mêlés évoquent de loin le bruit que feraient les mouvements d'une vieille balançoire rouillée.

Habitat

Hibou moyen-duc
adulte

Le Hibou moyen-duc a deux exigences pour être présent à un endroit donné. Il doit disposer pour se nourrir de surfaces dégagées, ouvertes à semi-ouvertes (prairies, cultures, pelouses, friches agricoles ou industrielles, jardins et vergers, milieux forestiers ouverts) et d'un support arboré pour la nidification.

Ce dernier peut être simplement un arbre isolé dans la campagne, mais plus souvent une arbre faisant partie d'un alignement d'arbres plantés, d'une haie arborée, d'un linéaire arboré le long de la voirie, d'un petit bosquet dans la campagne... Les milieux forestiers ouverts avec lisières, clairières, chablis, coupes et plantations lui conviennent aussi, et pour la chasse, et pour la nidification. Seul les milieux forestiers trop fermés ne sont pas pénétrés, non plus que les très grands massifs manquant d'ouverture. En altitude, les prés-bois constituent pour lui une forme d'habitat idéal où il trouve gite et couvert.
Il apprécie beaucoup les conifères qui peuvent le cacher en toutes saisons. Perchoirs diurnes et nids se trouvent souvent en conifères. Autant dire qu'en plaine, il aime les plantations denses de ces arbres à feuillage persistant comme les épicéas, les thuyas, les cyprès... Il y trouve facilement le vieux nid de corvidé qui servira à la reproduction. Et en hiver, les dortoirs sont souvent dans les pessières artificielles ou dans d'autres conifères comme les thuyas.

Comportement traits de caractère

Hibou moyen-duc
adulte

Le Hibou moyen-duc n'est pas un oiseau farouche. Il compte sur le mimétisme et l'homochromie de son plumage pour passer inaperçu dans son environnement arboré. On peut le trouver jusqu'au coeur des villages et ce en toutes saisons. J'ai eu moi-même une nidification dans un vieux nid de corneille sur un épicéa de mon jardin et tout s'est bien passé. On peut même trouver des dortoirs populeux en hiver en milieu urbanisé à condition qu'il y ait un vieux verger bien dense, une haie de thuyas, un bosquet d'épicas ou autre pour les héberger. C'est alors l'occasion de belles observations et aussi l'opportunité de récolter en fin de saison les pelotes régurgitées quotidiennement par les hiboux.


En ville en revanche, cette situation paraît nettement moins probable, surtout du fait de l'absence de zones de chasse.
Quand il est dérangé sur son site de nidification ou au dortoir, le moyen-duc change d'aspect. Son corps semble se rétrécir et s'allonger, le disque facial se contracte, les aigrettes se dressent au maximum en même temps que les yeux se ferment sans toutefois perdre le contact visuel avec l'intrus et le suivre. Il compte sur son mimétisme pour ne pas être vu. Si toutefois le péril grandit, il n'hésitera pas à s'envoler.
Les juvéniles dérangés au nid ou dans les environs du nid au contraire se gonflent au maximum pour se donner de l'importance et paraître plus gros qu'ils ne sont et claquent vivement du bec pour effrayer l'importun ou le prédateur.
Comme souvent pour les rapaces nocturnes, c'est dans les phares de la voiture qu'on a le plus de chances d'observer l'espèce volant sur les bas-côtés ou posée sur un piquet de bordure, et ceci en rase campagne.
Autrement, c'est à l'oreille qu'on a des chances de détecter les oiseaux cantonnés. En mars, au moment de la pariade, on aura des chances d'entendre à la nuit tombée les "ououh" du mâle. Dans le même,temps, lorsqu'il se déplace entre deux séquences de chant, il claque souvent bruyamment des ailes, c'est très caractéristique de l'espèce. Plus tard, ce sont les "woienk woienk woienk" d'alarme, bien sonores, que l'on repèrera. Enfin, en juin-juillet, les plaintes grinçantes des jeunes affamés emplissent les nuits et attirent l'attention pour peu qu'on soit au bon endroit au bon moment.

Vol

Hibou moyen-duc
adulte

Le Hibou moyen-duc a un vol léger que lui procurent ses ailes aux battements souples et amples. De plus, ce vol est silencieux de par la structure des rémiges.

Hibou moyen-duc
adulte
Il met à profit ce vol facile pour parcourir méthodiquement son terrain de chasse à la recherche des petits mammifères dont il se nourrit. Ce vol alterne de longs glissés ailes relevées et des battements lents. L'oiseau est capable de réorienter son vol instantanément en fonction des informations auditives reçues. Il peut virer brutalement sur l'aile, changer de direction, jongler avec les obstacles que constituent les ligneux pouvant être présents sur son territoire.
Il lui arrive de voler de jour, mais surtout l'été dans le nord de son aire où les nuits sont courtes. Aux latitudes moyennes, ce n'est souvent qu'une silhouette brièvement aperçue de nuit dans les phares d'un véhicule, en vol ou posée sur un piquet de clôture en rase campagne.

Alimentationmode et régime

Hibou moyen-duc
adulte

Le Hibou moyen-duc se nourrit de petits vertébrés, mais c'est un spécialiste et non un généraliste. Il a un spectre alimentaire nettement plus étroit que celui de l'effraie par exemple. Mais il y a encore plus spécialiste que lui, à savoir le Hibou des marais.
Le moyen-duc chasse surtout en milieu ouvert car les proies qu'il convoite sont elles-mêmes de milieu ouvert. Prairies et cultures, friches et landes, bords de routes et lisières constituent son terrain de chasse. Il est avant tout un chasseur de petits campagnols, par exemple en Europe de Campagnols des champs Microtus arvalis, ou en Amérique de M.

Hibou moyen-duc
adulte
pennsylvanicus, et ceci pour plus de 90% des proies, et souvent pour près de 100%, en particulier lors des pullulations périodiques. Les oiseaux n'interviennent que pour moins de 4% et uniquement lorsque les mammifères sont moins accessibles, du fait de la neige par exemple.
L'oiseau chasse principalement en vol, en survolant d'un vol lent et silencieux son territoire de chasse, le disque facial faisant office de parabole tournée vers le sol. Les campagnols sont détectés à la vue et à l'audition. La vue prédomine probablement avant la nuit noire puis l'oreille prend le relai. Le bruit que font les dents des rongeurs broyant les végétaux suffit pour qu'ils soient repérés. Les jours où les conditions de la chasse au vol ne sont pas réunies, du fait du vent par exemple, il peut chasser à l'affût depuis un perchoir.
Les proies sont tuées d'un coup de bec à l'arrière du crâne. Les petits oiseaux sont souvent décapités et les plumes des ailes et de la queue arrachées. Une proie de moins de 100 g est avalée entière. Les poussins en sont capables lorsqu'ils ont une 15e de jours. Les restes indigestes (os, poils et plumes) sont rejetés par la bouche sous forme de pelotes grises, ovales et irrégulières. L'étude de leur contenu permet de dresser facilement le régime alimentaire de l'espèce à un endroit et une période donnés. C'est souvent pour l'hiver que l'on dispose de suffisamment de pelotes car le moyen-duc est un oiseau grégaire à cette saison, passant la nuit en dortoirs qui peuvent compter plusieurs 10es d'individus. Il suffit en fin d'hiver d'aller sous le dortoir ramasser les nombreuses pelotes qui se trouvent au sol.

Reproduction nidification

Hibou moyen-duc
adulte

La période de reproduction dépend de la latitude ou de l'altitude du territoire. En plaine en Europe de l'Ouest, elle commence en mars. Il semble que les adultes soient en âge de se reproduire dès leur 2e année. La saison commence par la pariade et la formation du couple. Les adultes quittent le dortoir communautaire qui a prévalu tout l'hiver peut-être déjà appariés. C'est à ce moment que l'on peut entendre le chant nocturne du mâle qui a valeur territoriale. La période de chant est assez brève et le chant lui-même est assez discret et cesse pratiquement dès que la femelle commence à pondre.

Hibou moyen-duc
1ère année
C'est probablement à la femelle que revient le choix du nid qui sera occupé.
Le Hibou moyen-duc est un nicheur arboricole. Ne construisant pas lui-même de nid, il se reproduit dans un ancien nid d'une autre grande espèce, le plus souvent chez nous celui d'un corvidé, Corneille noire ou Pie bavarde. Il évite donc le milieu forestier fermé où ces espèces ne nidifient pas. Il préfère un nid dans un bosquet, une haie arborée, un vieux verger, une ripisylve, un arbre du pré-bois, à la rigueur une lisière forestière, de préférence dans un feuillu densément feuillé ou un conifère, mais pas toujours. Parfois, le nid occupé par la couveuse se voit comme le nez au milieu de la figure, avec les risques que cela représente.
La femelle y dépose en moyenne 5 oeufs blancs de 4 cm de longueur pour un peu plus de 3 de largeur, à raison d'un tous les deux jours. Elle les couve seule dès le premier oeuf pondu pendant 4 semaines environ. Elle ne quitte jamais les oeufs de jour et est ravitaillée par le mâle. Les éclosions s'échelonnent comme la ponte. Les poussins éclosent couvert d'un duvet blanc, le protoptile. Leurs yeux s'ouvrent à 5 jours. Le second duvet, le mésoptile, de couleur grise remplace le premier dans la 2e semaine. Et très vite apparaissent les rémiges du plumage juvénile. Les jeunes peuvent rester seuls à 2 semaines et à 3 semaines, ils quittent le nid avant même de savoir voler. Ils s'égayent dans les branches alentour. Les nuits seront dès lors animées de leurs cris de quémande lancinants. A 8 semaines, le plumage juvénile est complet et les jeunes volent bien.

Distribution

Hibou moyen-duc
juvénile

Le Hibou moyen-duc a une distribution holarctique. Il est présent de façon continue sur les continents américain et eurasiatique, essentiellement aux latitudes tempérées. Cette distribution déborde un peu sur le nord-ouest de l'Afrique.
Le continent nord-américain héberge deux sous-espèces, tuftsi à l'ouest et wilsonianus à l'est. L'Eurasie est occupée par la ssp type otus. Enfin, canariensis habite les Îles Canaries.
Les populations les plus nordiques sont migratrices partielles, mais l'espèce est connue hiverner à plus de 60°N si la ressource est suffisante.

Menaces - protection

Hibou moyen-duc
adulte
Statut de conservation IUCN
Eteint
Menacé
Préoccupation
mineure
Éteint
à l'état sauvage
Quasi
menacé
Non
évalué
EX EW CR EN VU NT LC NE

L'espèce n'est pas globalement menacée. Elle est largement répandue et assez prolifique.
Comme sources possibles de problèmes, on peut déjà être certain que la dégradation de l'habitat en est une dans les pays développés qui hébergent majoritairement ce hibou. Les remembrements et leur corollaire de suppression de haies, de drainages et autres "améliorations", la modernisation des voiries, l'extension de l'urbanisation en périphérie des villages, ne peuvent que réduire l'habitat disponible en jouant, et sur les structures arborées porteuses de nids, et sur les zones incultes où se réfugient volontiers les rongeurs-proies.
Par ailleurs, comme pour tous les nocturnes, la circulation automobile est très meurtrière sans qu'il y ait vraiment de parade possible.
Pour la nidification, l'installation de nids artificiels du genre "panier garni de branchettes" peut pallier localement le manque de nids naturels.

Références utilisées

Autres références utiles

QRcode Hibou moyen-ducFiche créée le 20/06/2020 par
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