Prion colombe

Pachyptila turtur - Fairy Prion

Systématique
  • Ordre
    :

    Procellariiformes

  • Famille
    :

    Procellariidés

  • Genre
    :

    Pachyptila

  • Espèce
    :

    turtur

Descripteur

Kuhl, 1820

Biométrie
  • Taille
    : 28 cm
  • Envergure
    : 56 à 60 cm.
  • Poids
    : 88 à 175 g
Longévité

22 ans

Distribution

Distribution

Description de la famille

Les Procellariidés (pétrels et puffins) sont des oiseaux marins de taille petite à grande. Tous possèdent des narines tubulaires à la base du bec. Avec leurs ailes le plus souvent longues et étroites, ils sont profilés pour des déplacements de longue distance en haute mer, profitant des vent... lire la suite

Identification

Prion colombe
adulte
Prion colombe
adulte

Dans les Procellariidés, le genre Pachyptila se distingue des autres par une morphologie et une écologie particulières. Les oiseaux de ce genre ont un bec caractéristique et ont un plumage gris-bleu dessus, blanc dessous. Leur vol, qui alterne battements assez saccadés et séquences planées, est sinueux car ils serrent au plus près les vagues. Il n'est pas aussi régulier et harmonieux que celui des autres pétrels. On reconnaît actuellement 6 espèces de prions, mais c'est un clade très complexe et d'autres pourraient être décrites. La taille et la forme du bec font partie des critères principaux qui permettent d'identifier les différentes espèces de prions.
Le Prion colombe est le plus petit des prions. Il est très proche des autres espèces de prions et notamment du Prion à bec épais (Pachyptila crassirostris). Il mesure entre 56 et 60 centimètres d'envergure pour un poids variant de 88 à 175 grammes. Il n'y a pas de dimorphisme sexuel par le plumage et de ce fait l'âge et le sexe ne peuvent être déterminés en mer. Toutefois, les mâles ont un culmen légèrement plus long. Des variations morphologiques et de plumage, parfois importantes, sont observées tant au niveau inter-individuel dans une population qu'entre les différentes populations.
Comme chez tous les prions, les parties supérieures sont gris-bleu pâle avec un motif noir en forme de "M" dont les jambes partent des extrémités des ailes, gagnent les poignets puis obliquent pour se rejoindre au niveau du croupion. En vue de dessus, le bord de fuite des ailes est souvent d'un gris plus clair que le reste de l'aile. La queue déployée est cunéiforme. Comme le reste des parties supérieures, elle est d'un gris bleuté et marquée sur environ le tiers distal par une large barre noire.
Les parties inférieures sont blanches, mises à part les plumes centrales de la queue qui sont noires à leur extrémité et les primaires externes légèrement marquées de noir au bout. De chaque côté de la poitrine, des plages gris pâle débordent des parties supérieures et forment un discret demi-collier qui s'étend subtilement sur le haut des flancs.
La tête est arrondie avec le front raide. Sa coloration apparaît généralement pâle et peu marquée. Le dessus est gris, du bec à la nuque. La calotte grise est soulignée d'un relativement petit et fin sourcil blanc (mal défini à net suivant les individus) coupé par une bride grise en avant de l'œil, discrète et parfois non visible. Le menton, la gorge, les lores et les parotiques sont blancs. La bride passe sous l'œil puis se poursuit vers l'arrière. Les yeux sont brun-noir. Le bec, bleu pâle, est fort avec des bords droits (d'autres espèces de prions ont les bords du bec bombés). Il mesure 20,3 à 24,3 mm de long pour 9,0 à 12,5 mm de large. Oiseau en main, le crochet du bec est nettement séparé des narines tubulaires. Les pattes sont bleues et les palmures rosées.
Les poussins sont couverts d'un duvet grisâtre.
La sous-espèce nominale Pachyptila turtur turtur se différencie de P. t. subantarctica par un bec plus grand et par un plumage moins pâle. Il est toutefois impossible de noter ces différences en mer. Au sein d'une sous-espèce, il y aurait également des différences suivant la répartition géographique.
Ce prion est très proche des autres espèces de prions et notamment du Prion à bec épais. La distinction entre ces espèces est très difficile en mer et parfois impossible.
Le Prion à bec épais est quasiment identique, notamment par le plumage. Il est légèrement plus petit, le cou est plus petit et la tête apparaît plus ronde. De plus, le plumage du Prion à bec épais est généralement plus pâle que celui du Prion colombe et le motif noir en forme de "M" davantage marqué. Un des critères les plus fiables est le bec : celui du Prion à bec épais est légèrement plus compressé et le crochet atteint les narines tubulaires.
Comparé aux autres espèces de prions, le Prion colombe est plus petit (taille et bec), une plus large barre terminale noire, un plumage qui tend davantage vers le bleu, un demi-collier plus petit et une tête plus pâle.
En mer, il est possible de le différencier du Prion de Belcher (P. belcheri) car ce dernier a un sourcil plus marqué et un motif noir en forme de "M" moins marqué. Les Prions de Salvin (P. salvini), de la Désolation (P. desolata) et de Forster (P. vittata) ont une tête plus grosse et moins arrondie, un bec plus long et moins trapu, un sourcil plus marqué et un motif noir en forme de "M" moins marqué.
Le Prion bleu (Halobaena caerulea) est quant à lui plus grand. Sa queue grise terminée de blanc est le principal caractère diagnostique, puis sa tête plus foncée et son bec entièrement noir. Son vol est aussi moins sinueux.
La distinction des espèces de prions n'est pas chose facile. Les caractères varient d'un individu à un autre et d'une population à une autre. Il faut ainsi souvent avoir plusieurs critères pour confirmer l'identité d'une espèce. Même pour un observateur aguerri et dans de bonnes conditions d'observation, il est parfois difficile d'identifier avec exactitude une espèce de prion.

Indications subspécifiques 2 sous-espèces

  • Pachyptila turtur turtur (Falkland Is, South Georgia, s Indian Ocean, Tasmania, New Zealand offshore islands, Chatham Is.)
  • Pachyptila turtur subantarctica (Antipodes, Snares, Macquarie Is.)

Noms étrangers

  • Fairy Prion,
  • Prión piquicorto,
  • faigão-de-bico-curto,
  • Feensturmvogel,
  • gerlecsőrű cethojsza,
  • Duifprion,
  • Prione fatato,
  • ljushuvad valfågel,
  • Alvehvalfugl,
  • hladinár čarovný,
  • buřňák hrdliččí,
  • Alfehvalfugl,
  • pikkuprioni,
  • Swartstertwalvisvoël,
  • petrell prió bec-curt,
  • petrelek krótkodzioby,
  • Снеговая китовая птичка,
  • ヒメクジラドリ,
  • 仙锯鹱,
  • 仙鋸鸌,

Voix chant et cris

Les Prions colombe sont probablement silencieux en mer.
Dans les colonies, ils chantent depuis les terriers en émettant des gémissements graves et rugueux typiques du genre, "pooor-popper, popper, popper pop", "kuk kuk coo-er" ou encore "cup-a-curr" qu'ils répètent. Ce chant est saccadé et ressemble à un roucoulement guttural. Les intonations des dernières syllabes sont plus fortes que pour les premières. Les mâles et les femelles ont des voix similaires mais qu'une oreille entraînée peut différencier.
Ils ont également un cri de détresse très aigu qui peut être retranscrit en "pihihihi...".
Les poussins quémandent avec un court sifflement ressemblant à un couinement saccadé. Le cri de détresse décrit ci-dessus est également émit par les poussins. Lorsqu'ils grandissent, les cris deviennent plus graves et se rapprochent des chants des adultes.

Habitat

L'habitat du Prion colombe est à la fois marin et terrestre. Il se nourrit et passe la majeure partie de sa vie en mer et vient à terre pour se reproduire.


En mer, c'est un oiseau pélagique. Il est observé sur les plateaux continentaux et les tombants mais aussi en pleine mer. Il fréquente les eaux subantarctiques et subtropicales.
Le Prion colombe se reproduit dans des terriers dans des milieux végétalisés mais jamais avec une végétation dense, ou dans des zones rocailleuses. Le milieu est souvent en pente mais pas toujours : les éboulis rocheux, les hauts de falaise, les pentes herbacées... Il affectionne les caps et les îles. En période de reproduction, il se nourrit principalement au-dessus des plateaux continentaux et des tombants.

Comportement traits de caractère

Prion colombe
adulte

Le Prion de la Désolation est une espèce grégaire, en mer comme sur terre.
En mer, on l'observe souvent dans d'importants groupes qui peuvent atteindre plusieurs milliers d'individus, parfois avec d'autres espèces du genre Pachyptila. Il suit rarement les bateaux.
Il revient à la colonie ou en repart lorsqu'il fait nuit, une à trois heures après le coucher de soleil et avant le lever du jour, notamment pour échapper à son principal prédateur, le Labbe brun (Stercorarius antarcticus). Avant la tombée de la nuit, il se concentre par milliers au large des sites de reproduction.

Pour repérer son terrier, il utilise son odorat. En Géorgie du Sud, les colonies sont également actives en journée.
Les couples sont territoriaux. Si un intrus entre dans un terrier, l'occupant le repousse les ailes étendues et le bec prêt à mordre. Les combats se matérialisent par des coups et accrochages de bec et des coups d'aile.
Dans les colonies, il se retrouve régulièrement en compétition avec le Prion bleu qui creuse des terriers dans des habitats similaires. En Australie et Nouvelle-Zélande, il niche couramment au sein des colonies de Puffins fuligineux (Ardenna grisea) et de Puffins à bec grêle (Ardenna tenuirostris).
C'est une espèce qui est relativement sédentaire : elle reste dans les eaux des secteurs de nidification et s'en éloigne rarement de plus de 2 000 kilomètres. En période de reproduction, pour pêcher, elle peut s'éloigner à plus de 300 kilomètres des colonies.
En hiver (de juin à octobre), après des tempêtes, le Prion colombe s'échoue régulièrement sur les côtes et peut être porté par le vent à l'intérieur des terres.

Vol

Le Prion colombe a un vol typique de prion, rapide et énergique, épousant la surface de l'eau. Il alterne des planés, d'autant plus longs que le vent est portant, et des séquences de vol battu moins longues, aux battements rapides et saccadés avec des balancements sur l'aile.

L'état de la mer joue beaucoup sur l'aspect du vol. Par vent fort, il laisse ses ailes étendues et se balance d'un côté à l'autre : les parties supérieures (bleutées) et inférieures (blanches) sont vues de manière alternative. Par vent modéré, le vol est plus calme.
Lorsqu'il se nourrit, le Prion colombe volette entre les vagues à faible vitesse, les ailes sont tenues plus droites ou légèrement relevées. Il laisse souvent pendre ses pattes.

Alimentationmode et régime

Le Prion colombe se nourrit de crustacés (notamment de krill et d'amphipodes), de petits poissons de moins de 6 cm et de ptéropodes (mollusques gastéropodes).

En période de reproduction, sur l'île Stephens en Nouvelle-Zélande, les crustacés peuvent représenter plus de 99% du régime. Il attrape ses proies en vol, en "hydroplanning" ou posé, dans les 10 premiers centimètres d'eau. Posé, il plonge la tête sous l'eau. Il filtre aussi la pellicule de surface à l'aide des lamelles de sa mandibule supérieure pour récupérer le zooplancton. Il est enfin capable de plonger à faible profondeur. Pour repérer ses proies, il utilise notamment son odorat qui est très développé.
Ces prions pêchent souvent en groupes pouvant compter plusieurs centaines ou milliers d'individus.
Les poussins sont nourris au terrier par régurgitation incomplète.

Reproduction nidification

Les Prions colombe sont philopatriques, c'est à dire qu'ils reviennent fidèlement chaque année à leur site de nidification, dans le même terrier ou dans un terrier proche. Ils sont monogames et gardent le même partenaire pendant plusieurs années. Dans les anfractuosités avec plusieurs couples, des échanges de partenaires d'une année sur l'autre sont possibles. Suivant la localisation géographique des colonies, les périodes de reproduction diffèrent de quelques semaines ou mois.
Cette espèce à nidification hypogée s'installe dans des éboulis ou creuse un terrier tortueux dans la terre, souvent sous des rochers ou des racines, qui mesure entre 20 et 80 centimètres de longueur, parfois plus. Il aménage son nid dans une petite chambre avec des brindilles et de la végétation. Une même entrée et les grandes anfractuosités peuvent être utilisées par différents couples. Tant qu'il est en bon état, le terrier est réutilisé d'une année sur l'autre.
Les adultes reviennent dans les colonies entre fin juin et fin août (Nouvelle-Zélande) à fin septembre (archipel de Crozet). C'est alors que les couples se reforment. L'accouplement a lieu dans le terrier.

La femelle pond un unique œuf entre mi-octobre et fin décembre (suivant la répartition géographique). L'œuf est blanc et mesure en moyenne 44 mm de long et 32 mm de large pour environ 25 grammes.
L'incubation dure entre 44 et 55 jours. Le mâle et la femelle couvent chacun l'œuf pendant 1 à 7 jours consécutifs (2,4 jours en moyenne). Les changements de partenaires sont effectués en début de nuit. Les œufs peuvent rester plusieurs heures sans être couvés mais un délai de 3 jours est fatal. Si le partenaire ne revient pas au bout de quelques jours, l'individu qui couve est contraint d'abandonner l'œuf pour aller se nourrir en mer. Cette espèce n'effectue pas de ponte de remplacement.
Après l'éclosion, le poussin est couvé pendant 1 à 5 jours par l'un des deux adultes, parfois par les deux. Le poussin est rapidement émancipé thermiquement et les deux adultes peuvent partir en mer. À la naissance, le poussin pèse entre 15 et 20 grammes. Il est nourri par les deux parents par régurgitation incomplète. En Géorgie du Sud, il est nourri un jour sur deux. En fin de croissance, à une quarantaine de jours, il atteint un poids maximal situé entre 150 et 200 grammes, plus élevé que celui de l'adulte. Ce poids redescendra entre 110 et 140 grammes environ pour l'envol qui se produit entre le début du mois de janvier (Nouvelle-Zélande) et le début du mois de mars (archipel de Crozet), soit 43 à 56 jours après l'éclosion. Le succès reproducteur est environ de 75% sur l'île Stephens en Nouvelle-Zélande. Ce chiffre varie considérablement suivant les colonies et la présence ou non de prédateurs. Les colonies ne sont jamais totalement désertées : des individus peuvent être observés à terre toute l'année.
Les juvéniles reviennent autour des colonies 2 ou 3 ans après leur envol et se reproduisent pour la première fois à l'âge de 3 ou 4 ans.

Distribution

C'est une espèce qui est majoritairement présente dans les eaux subantarctiques et subtropicales des Océans Indien et Pacifique. Elle est largement mais irrégulièrement répandue. La répartition en pleine mer est mal connue, notamment au-delà du plateau continental.
Le Prion colombe se reproduit sur des îles en Australasie : sud-est de l'Australie, Nouvelle-Zélande (y compris dans le secteur de l'île du Nord) et différentes îles subantarctiques jusqu'à l'île Macquarie. Il est très abondant dans cette partie du globe. Dans le reste de son aire de répartition, le Prion colombe se reproduit sur les îles Falkland (aussi appelées Malouines), en Géorgie du Sud en Atlantique Sud, sur les îles Prince Edward, Marion et Saint-Paul ainsi que les archipels de Crozet et de Kerguelen au sud de l'Océan indien.
La sous-espèce nominale Pachyptila turtur turtur est présente dans la plupart de l'aire de répartition tandis que Pachyptila turtur subantarctica est uniquement présente sur les îles Antipodes, Snares et Macquarie.
En hiver, il s'éloigne des sites de reproduction et se disperse, principalement au nord. Son aire de répartition atteint alors les eaux subtropicales, parfois au-delà de la latitude 30° : en Australie, le Prion colombe atteint régulièrement les eaux de l'état du Queensland. En revanche, il s'éloigne rarement à plus de 2 100 km de son site de reproduction. Ainsi, les individus néo-zélandais restent dans les eaux néo-zélandaises. Il niche au sud-est de l'Australie et atteint très rarement les eaux du sud-ouest de l'Australie. Les individus du sud de l'Océan indien atteignent très rarement les côtes sud-africaines.

Menaces - protection

Statut de conservation IUCN
Eteint
Menacé
Préoccupation
mineure
Éteint
à l'état sauvage
Quasi
menacé
Non
évalué
EX EW CR EN VU NT LC NE

La population mondiale était estimée à 5 millions d'individus au début des années 2000. Toutefois, la marge d'erreur est relativement importante car cette espèce est difficile à dénombrer.
Le Prion colombe n'est pas menacé. Sur les sites de reproduction, cette espèce est très sensible aux prédateurs introduits : chats harets, rats, souris et Weka.html">Râle wéka (ou Weka, Gallirallus australis). L'érosion du sol peut détériorer les sites de nidification en fragilisant les terriers tandis que les feux en période de reproduction auraient également des effets délétères.
En Nouvelle-Zélande, l'espèce nichait sur de nombreux caps des îles du Nord et du Sud avant que des prédateurs n'y soient introduits. Ces derniers les ont éradiqués. Seules quelques colonies subsistent sur des sites isolés et difficiles d'accès, notamment sur les rebords des falaises de la péninsule Otago.
Outre les prédateurs introduits, sur les sites de reproduction, les Labbes bruns et les Busards de Gould, Circus approximans, en Nouvelle-Zélande et Australie, sont des prédateurs naturels des prions : ils attrapent les adultes de jour en-dehors des terriers. En mer, cette même espèce et les Pétrels géants et de Hall (Macronectes sp.) peuvent occasionnellement se nourrir de prions.

Autres références utiles

QRcode Prion colombeFiche créée le 11/04/2021 par
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