Prion de la Désolation
Pachyptila desolata - Antarctic Prion
Systématique
-
Ordre:
Procellariiformes
-
Famille:
Procellariidés
-
Genre:
Pachyptila
-
Espèce:
desolata
Descripteur
Biométrie
- Taille: 27 cm
- Envergure: 58 à 66 cm.
- Poids: 150 à 160 g
Distribution
Description de la famille
Les Procellariidés (pétrels et puffins) sont des oiseaux marins de taille petite à grande. Tous possèdent des narines tubulaires à la base du bec. Avec leurs ailes le plus souvent longues et étroites, ils sont profilés pour des déplacements de longue distance en haute mer, profitant des vent... lire la suite
Identification
Dans les Procellariidés, le genre Pachyptila se distingue des autres par une morphologie et une écologie particulières. Les oiseaux de ce genre ont un bec caractéristique et sont de couleur gris-bleu dessus, blanc dessous. Leur vol, qui alterne battements assez saccadés et séquences planées, est sinueux car ils serrent au plus près les vagues. Il n'est pas aussi régulier et harmonieux que celui des autres pétrels. On reconnaît actuellement 6 espèces de prions, mais c'est un clade très complexe et d'autres pourraient être décrites. La taille et la forme du bec font partie des critères principaux qui permettent d'identifier les différentes espèces de prions.
Le Prion de la Désolation est un petit pétrel et un prion de taille intermédiaire, très proche des autres espèces de prions. Il mesure entre 58 et 66 centimètres d'envergure. Il n'y a pas de dimorphisme sexuel par le plumage, la femelle est simplement légèrement plus petite et plus légère que le mâle (153 grammes contre 160 grammes pour des individus des îles Orcades du Sud). L'âge et le sexe ne peuvent être déterminés en mer. Des variations morphologiques, qui sont parfois importantes, sont observées tant au niveau inter-individuel dans une population qu'entre les différentes populations.
Comme chez tous les prions, les parties supérieures sont gris-bleu avec un discret mais bien visible motif noir ou brun en forme de "M" dont les jambes partent des extrémités des ailes, gagnent les poignets puis obliquent pour se rejoindre au niveau du croupion. En vue de dessus, le bord de fuite des ailes est souvent d'un gris plus clair que le reste de l'aile. La queue est d'un gris bleuté, plus clair sur les bords et marquée d'une large barre terminale noire en son centre.
Les parties inférieures sont blanches, mises à part les plumes centrales de la queue qui sont noires à leur extrémité et les primaires externes légèrement marquées de noir au bout. De chaque côté de la poitrine, des plages grises débordent des parties supérieures et forment un large et évident demi-collier.
Le dessus de la tête est gris, du bec à la nuque. La calotte grise est soulignée par un épais sourcil blanc coupé par une bride grise en avant de l'œil. Le menton, la gorge, les lores et les parotiques sont blancs. La tête est marquée par de larges sourcils et lores blancs. La bride grise passe sous l'œil et se poursuit vers l'arrière en s'élargissant pour rejoindre le gris du cou. Les yeux sont brun-noir. Le bec est relativement court et épais : 23 à 27,3 mm de long pour 11 à 15,5 mm de large. Sa couleur est variable et va du gris au gris bleuté. Les pattes sont bleutées ou légèrement rosées.
Les poussins sont couverts d'un duvet grisâtre. À 40 jours, ils n'ont plus de duvet au niveau de la tête et le sourcil blanc est nettement visible.
Il est très proche des autres espèces de prions et notamment du Prion de Salvin (Pachyptila salvini). La distinction entre ces deux espèces est très difficile en mer et souvent impossible. Le Prion de Salvin est légèrement plus grand et robuste mais un des critères les plus fiables est le bec : celui du Prion de Salvin est généralement un peu plus épais (13,5 à 17,5 mm de large). Lorsqu'il est vu du dessus, les côtés sont davantage bombés, les lamelles visibles bec fermé et la couleur globalement plus sombre.
Le Prion de Forster (Pachyptila vittata) est quant à lui plus gros et plus contrasté car les marques sombres du dessus (le "M" et le bout de la queue) sont plus prononcées. Son bec est entièrement sombre et sa forme se rapproche d'un "bec de canard".
Le Prion de Belcher (Pachyptila belcheri) est légèrement plus petit mais est aussi très similaire au Prion de la Désolation. Il a généralement un plus petit bec (9,3 à 12,5 mm de large), des marques sur le dessus (le "M" et le bout de la queue) moins prononcées et une tête plus claire avec le sourcil blanc qui sépare, théoriquement, les yeux du front.
Les critères qui sont donnés pour ces espèces varient d'un individu à un autre et d'une population à une autre. Il faut ainsi souvent avoir plusieurs critères pour confirmer l'identité d'une espèce.
En mer, il est possible de le différencier du Prion colombe (Pachyptila turtur) ou du Prion à bec épais (Pachyptila crassirostris) car la bande noire au niveau de sa queue est plus petite, sa tête est plus foncée et plus contrastée et son bec est plus grand et plus sombre.
Le Prion bleu (Halobaena caerulea) est quant à lui plus grand. Sa queue grise terminée de blanc est le principal caractère diagnostique, puis sa tête plus foncée. Son vol est aussi moins sinueux.
Indications subspécifiques espèce monotypique
Noms étrangers
- Antarctic Prion,
- Prión antártico,
- faigão-rola,
- Taubensturmvogel,
- antarktiszi cethojsza,
- Antarctische Prion,
- Prione antartico,
- antarktisvalfågel,
- Antarktishvalfugl,
- hladinár holubí,
- buřňák holubí,
- Antarktisk Hvalfugl,
- kyyhkyprioni,
- Antarktiese Walvisvoël,
- petrell prió antàrtic,
- petrelek antarktyczny,
- Антарктическая китовая птичка,
- Petrel antartika,
- ナンキョククジラドリ,
- 鸽锯鹱,
- 鴿鋸鸌,
Voix chant et cris
Les Prions de la Désolation sont probablement silencieux en mer.
Dans les colonies, ils chantent depuis les terriers ou en vol en émettant un gémissement grave et rugueux dont certaines notes peuvent rappeler dans l'intonation un roucoulement de tourterelle "uc coo u-u-u-u-uc cuc coo o-o-o-o". Les mâles et les femelles ont des voix similaires mais qu'une oreille entraînée peut différencier.
Habitat
L'habitat du Prion de la Désolation est à la fois marin et terrestre. Il se nourrit et passe la majeure partie de sa vie en mer et vient à terre uniquement pour se reproduire.
En mer, c'est un oiseau pélagique. Il est observé sur les plateaux continentaux et les tombants, notamment proches du front polaire. Il descend dans les eaux à proximité du continent antarctique comme en mer de Ross mais il tend à éviter les zones d'icebergs et de banquise. Il fréquente aussi régulièrement les eaux subtropicales.
Le Prion de la Désolation se reproduit dans des terriers dans des milieux divers, végétalisés ou non, souvent en pente mais pas toujours : sur les plateaux, dans les rigoles, les éboulis et les falaises. Les lieux où il se reproduit sont dépourvus de banquise lors de la saison de reproduction.
Comportement traits de caractère
Le Prion de la Désolation est une espèce grégaire, en mer comme sur terre.
En mer, on l'observe souvent dans d'importants groupes qui peuvent atteindre plusieurs milliers d'individus où se mêlent différentes espèces du genre Pachyptila ainsi que des Prions bleus (Halobaena caerulea).
Il revient ou repart des colonies lorsqu'il fait nuit, notamment pour échapper à son principal prédateur, le Labbe brun (Stercorarius antarcticus). Pour repérer son terrier, il utilise son odorat.
En période de reproduction, il peut se nourrir jusqu'à 300 km de la colonie (données de Géorgie du Sud). Il s'en éloigne davantage en période d'incubation qu'en période d'élevage des poussins.
Vol
Le Prion de la Désolation a un vol typique de prion, rapide et énergique, épousant la surface de l'eau. Il alterne des planés, d'autant plus longs que le vent est portant, et des séquences de vol battu moins longues, aux battements rapides et saccadés avec des balancements sur l'aile. L'état de la mer joue beaucoup sur l'aspect du vol. Par vent modéré, le vol est plus calme.
Alimentationmode et régime
Le Prion de la Désolation se nourrit de crustacés (notamment de krill), de céphalopodes, de gastéropodes et de très petits poissons.
Ces prions pêchent souvent en groupes pouvant compter plusieurs centaines ou milliers d'individus. Il se mêle alors volontiers à d'autres espèce de prions. Ils suivent parfois les bateaux de pêche et les baleines.
Les poussins sont nourris au terrier par régurgitation incomplète.
Reproduction nidification
Les Prions de la Désolation sont philopatriques, c'est à dire qu'ils reviennent fidèlement chaque année à leur site de nidification, dans le même terrier ou dans un terrier proche. Ils sont monogames et forment des couples stables sur le long terme. Des "échanges" de partenaires sont toutefois possibles, surtout pour une question de terrier.
Cette espèce à nidification hypogée s'installe dans des éboulis ou creuse un terrier tortueux qui mesure entre 20 et 100 centimètres de longueur, parfois plus. Le diamètre d'entrée est d'une dizaine de centimètres et on peut tout juste y rentrer sa main.
Les adultes reviennent dans les colonies fin octobre. C'est alors que les couples se reforment. Après les accouplements, les femelles repartent en mer pendant deux semaines pour s'engraisser tandis que les mâles viennent régulièrement visiter et entretenir le terrier. Les allers-retours au nid se font de nuit. La femelle pond un unique œuf en décembre, généralement le soir de son retour. L'œuf est blanc et mesure en moyenne 47 mm de long et 34 mm de large pour une trentaine de grammes.
L'incubation dure 44 à 46 jours. Le mâle et la femelle couvent l'œuf chacun pendant 1 à 5 jours consécutifs (3 en moyenne). Les changements de partenaires sont effectués en début de nuit, en général moins de deux heures après le coucher de soleil. Si le partenaire ne revient pas, le couveur peut rester jusqu'à six jours supplémentaires sur l'œuf. Il est ensuite contraint d'abandonner l'œuf pour aller se nourrir en mer. Cette espèce n'effectue pas de ponte de remplacement.
Après l'éclosion, le poussin est couvé pendant trois à cinq jours. Au bout de cette période, le poussin est émancipé thermiquement et les deux adultes peuvent partir en mer. À la naissance, le poussin pèse 21 à 25 grammes. Il est nourri tous les jours par régurgitation incomplète avec en moyenne 36 grammes de nourriture. En fin de croissance, il atteint un poids maximal de 228 grammes, plus que celui de l'adulte. Ce poids redescendra à 165 grammes environ pour l'envol qui se produit entre la fin du mois de mars et le début du mois d'avril, soit 45 à 55 jours après l'éclosion.
Les adultes muent en mer après la saison de reproduction.
Distribution
Le Prion de la Désolation a une distribution circumpolaire. Il est largement répandu dans les eaux antarctiques et subantarctiques, principalement au sud du front polaire. En mer, on le rencontre principalement entre la latitude 35°Sud et la banquise antarctique.
Il se reproduit sur de nombreux archipels : Géorgie du Sud, îles Sandwich du Sud, îles Orcades du Sud et Shetland du Sud au sud de l'Océan Atlantique ; les archipels de Crozet et de Kerguelen ainsi que les îles Heard et McDonald au sud de l'Océan Indien ; les îles Macquarie, Auckland et Scott au sud-ouest de l'Océan Pacifique. Il y a aussi des données sur la côte antarctique (côte George V).
En mer, il est régulièrement observé dans les eaux subtropicales au large du sud de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l'Afrique du Sud ainsi que de l'Amérique du Sud.
Les trois sous-espèces décrites se répartissent ainsi :
- Pachyptila desolata desolata à Crozet, Kerguelen et Macquarie ;
- Pachyptila desolata alter à Heard et Auckland ;
- Pachyptila desolata banksi au sud-ouest de l'Océan Indien et en Antarctique.
Menaces - protection
Statut de conservation IUCN
mineure
à l'état sauvage
menacé
évalué
C'est une espèce qui est très abondante. La population mondiale peut difficilement être estimée mais elle dépasserait les 50 millions d'individus. Il y aurait par exemple 22 millions de couples en Géorgie du Sud et entre 2 et 3 millions de couples à Kerguelen.
La population mondiale n'est pas menacée. Sur le long terme, elle pourrait l'être si la pêche du krill, sa principale ressource alimentaire, se développait.
Sur les sites de reproduction, cette espèce est très sensible aux prédateurs introduits : chats harets, rats et souris. Les îles où ces prédateurs sont apparus, notamment les chats et les rats, ont vu les populations de Prion de la Désolation (et d'autres petits pétrels) s'effondrer. D'autres mammifères tel que les lapins ou le bétail détériorent les sites de reproduction. Les premières mesures qui ont été prises telles que l'éradication des chats ou de rats et le déplacement des lapins ont eu pour effet un accroissement relativement rapide et significatif des effectifs de prions.
Sur les sites de reproduction, les Labbes bruns sont des prédateurs naturels des prions : ils attrapent les adultes de jour en-dehors des terriers. En mer, cette même espèce et les Pétrels géants et de Hall (Macronectes sp.) peuvent occasionnellement se nourrir de prions.
Références utilisées
- Handbook of Australian, New Zealand and Antarctic birds, 1: ratites to ducks., Marchant, S.; Higgins, P. J.
- A Complete Guide to Antarctic Wildlife : The Birds and Marine Mammals of the Antarctic Continent and the Southern Ocean, Hadoram Shirihai
- Albatrosses and Petrels across the World, Michael Brooke
- Seabirds, an identification guide, Harrison Peter
- New Zealand birds and birding, Narena Olliver
- HBW Alive,
- xeno-canto, Sharing bird sounds from around the world,
- IOC World Bird List (v14.1), Gill, F and D Donsker (Eds). 2024-04-18.
Autres références utiles
- Accipitriformes
- Aegotheliformes
- Ansériformes
- Apodiformes
- Aptérygiformes
- Bucérotiformes
- Caprimulgiformes
- Cariamiformes
- Casuariiformes
- Charadriiformes
- Ciconiiformes
- Coliiformes
- Columbiformes
- Coraciiformes
- Cuculiformes
- Eurypygiformes
- Falconiformes
- Galliformes
- Gaviiformes
- Gruiformes
- Leptosomiformes
- Mesitornithiformes
- Musophagiformes
- Nyctibiiformes
- Opisthocomiformes
- Otidiformes
- Passériformes
- Pélécaniformes
- Phaethontiformes
- Phoenicoptériformes
- Piciformes
- Podargiformes
- Podicipédiformes
- Procellariiformes
- Psittaciformes
- Pterocliformes
- Rhéiformes
- Sphénisciformes
- Steatornithiformes
- Strigiformes
- Struthioniformes
- Suliformes
- Tinamiformes
- Trogoniformes