Prion de Salvin

Pachyptila salvini - Salvin's Prion

Prion de Salvin
Systématique
  • Ordre
    :

    Procellariiformes

  • Famille
    :

    Procellariidés

  • Genre
    :

    Pachyptila

  • Espèce
    :

    salvini

Descripteur

Mathews, 1912

Biométrie
  • Taille
    : 28 cm
  • Envergure
    : 57 à 58 cm.
  • Poids
    :
Distribution

Distribution

Description de la famille

Les Procellariidés (pétrels et puffins) sont des oiseaux marins de taille petite à grande. Tous possèdent des narines tubulaires à la base du bec. Avec leurs ailes le plus souvent longues et étroites, ils sont profilés pour des déplacements de longue distance en haute mer, profitant des vent... lire la suite

Identification

Dans les Procellariidés, le genre Pachyptila se distingue des autres par une morphologie et une écologie particulière. Les oiseaux de ce genre ont un bec caractéristique et sont de couleur gris-bleu dessus, blanc dessous. Leur vol, qui alterne battements assez saccadés et séquences planées, est sinueux car ils serrent au plus près les vagues. Il n'est pas aussi régulier et harmonieux que celui des autres pétrels. On reconnaît actuellement 6 espèces de prions, mais c'est un clade très complexe et d'autres pourraient être décrites. La taille et la forme du bec font partie des critères principaux qui permettent d'identifier les différentes espèces de prions.
Le Prion de Salvin est un petit pétrel et un prion de taille intermédiaire, très proche des autres espèces de prions et notamment du Prion de la Désolation (Pachyptila desolata). Il mesure entre 57 et 58 centimètres d'envergure pour un poids variant de 130 à 210 grammes. Il n'y a pas de dimorphisme sexuel par le plumage et l'âge et le sexe ne peuvent être déterminés en mer. Des variations morphologiques, qui sont parfois importantes, sont observées tant au niveau inter-individuel dans une population qu'entre les différentes populations.
Comme chez tous les prions, les parties supérieures sont gris-bleu avec un discret mais bien visible motif noir ou brun en forme de "M" dont les jambes partent des extrémités des ailes, gagnent les poignets puis obliquent pour se rejoindre au niveau du croupion. En vue de dessus, le bord de fuite des ailes est souvent d'un gris plus clair que le reste de l'aile. La queue est d'un gris bleuté, plus clair sur les bords et marquée d'une large barre terminale noire en son centre.
Les parties inférieures sont blanches, mises à part les plumes centrales de la queue qui sont noires à leur extrémité et les primaires externes légèrement marquées de noir au bout. De chaque côté de la poitrine, des plages grises débordent des parties supérieures et forment un large et évident demi-collier.
Le dessus de la tête est gris, du bec à la nuque. La calotte grise est soulignée par un épais sourcil blanc coupé par une bride grise en avant de l'œil. Le menton, la gorge, les lores et les parotiques sont blancs. La tête est marquée par de larges sourcils et lores blancs. La bride grise passe sous l'œil et se poursuit vers l'arrière en s'élargissant pour rejoindre le gris du cou. Les yeux sont brun-noir. Le bec est relativement court mais surtout épais : 28,2 à 31,8 mm de long pour 13 à 17,5 mm de large. En main et vu de dessus, les bords du bec sont nettement bombés. Il a ainsi un bec intermédiaire entre le Prion de la Désolation et le Prion de Forster (Pachyptila vittata). Le bec est bicolore : gris et bleuté. Les pattes sont bleutées ou légèrement rosées.
Les poussins sont couverts d'un duvet grisâtre.
Il existe deux sous-espèces de Prions de Salvin : la sous-espèce nominale, Pachyptila salvini salvini et Pachyptila salvini macgillivrayi, aussi appelé Prion de MacGillivray ou Prion de Saint-Paul. Ce dernier est parfois considéré comme une espèce à part entière car il est un intermédiaire avec le Prion de Forster. Son bec est plus épais à la base que la sous-espèce nominale (15,2 à 19,2 mm), ses ailes sont légèrement plus grandes et sa tête légèrement plus sombre. Ces critères ne peuvent être vérifiés en mer.
Il est très proche des autres espèces de prions et notamment du Prion de la Désolation et du Prion de Forster. La distinction entre ces espèces est très difficile en mer et parfois impossible.
Le Prion de la Désolation est quasiment identique et notamment le plumage. Il est légèrement plus petit mais un des critères les plus fiables est le bec : celui du Prion de la Désolation est généralement un peu plus fin (11,5 à 15,5 mm de large). Lorsqu'il est vu du dessus, les côtés du bec du Prion de la Désolation sont moins bombés et lorsqu'il est vu de côté les lamelles ne sont pas visibles. La couleur du bec est également légèrement plus sombre.
Le Prion de Forster (Pachyptila vittata) est quant à lui plus gros, son front est plus abrupt et son plumage plus contrasté car les marques sombres du dessus (le "M" et le bout de la queue) sont plus prononcées. Le bec du Prion de Forster est plus gros et n'est pas bicolore mais entièrement sombre.
Le Prion de Belcher (Pachyptila belcheri) est plus petit. Il a un plus petit bec (9,3 à 12,5 mm de large), des marques sur le dessus (le "M" et le bout de la queue) moins prononcées et une tête plus claire avec le sourcil blanc qui sépare, théoriquement, les yeux du front.
La distinction des espèces de prions n'est pas chose facile. Les caractères varient d'un individu à un autre et d'une population à une autre. Il faut ainsi souvent avoir plusieurs critères pour confirmer l'identité d'une espèce. Même pour un observateur aguerri et dans de bonnes conditions d'observation, il est parfois difficile d'identifier avec exactitude une espèce de prion. De plus, des hybrides existeraient entre le Prion de Belcher et le Salvin, ce qui complique l'identification.
En mer, il est possible de le différencier du Prion colombe (Pachyptila turtur) ou du Prion à bec épais (Pachyptila crassirostris) car la bande noire au niveau de sa queue est plus petite, sa tête est plus foncée et plus contrastée et son bec est plus grand et plus sombre.
Le Prion bleu (Halobaena caerulea) est quant à lui plus grand. Sa queue grise terminée de blanc est le principal caractère diagnostique, puis sa tête plus foncée. Son vol est aussi moins sinueux.

Indications subspécifiques espèce monotypique

Noms étrangers

  • Salvin's Prion,
  • Prión de Salvin,
  • faigão-do-índico,
  • Salvin-Entensturmvogel,
  • Salvins Prion,
  • Prione di Salvin,
  • salvinvalfågel,
  • Marionhvalfugl,
  • hladinár popolavý,
  • buřňák Salvinův,
  • Salvins Hvalfugl,
  • sininokkaprioni,
  • Marionwalvisvoël,
  • petrell prió de Salvin,
  • petrelek subantarktyczny,
  • Сальвинова китовая птичка,
  • チュウヒロハシクジラドリ,
  • 小锯鹱,
  • 中嘴鋸鸌,

Voix chant et cris

Les Prions de Salvin sont probablement silencieux en mer.
Dans les colonies, ils chantent depuis les terriers en émettant un gémissement grave et rugueux typique des prions, "ka-kakadu" qu'il répète. Les intonations de la première et de la dernière syllabe sont plus fortes. Les mâles et les femelles ont des voix similaires mais qu'une oreille entraînée peut différencier.

Habitat

L'habitat du Prion de Salvin est à la fois marin et terrestre. Il se nourrit et passe la majeure partie de sa vie en mer et vient à terre uniquement pour se reproduire.
En mer, c'est un oiseau pélagique. Il est observé sur les plateaux continentaux et les tombants mais aussi en pleine mer. La sous-espèce nominale, se reproduit à proximité du front polaire et reste dans cette zone en période de reproduction. En hiver, il fréquente les eaux subtropicales. Le Prion de MacGillivray se reproduit et fréquente les eaux subtropicales tout au long de l'année.
Le Prion de Salvin se reproduit dans des terriers dans des milieux qui sont végétalisés ou dans des zones plus rocailleuses. Le milieu est souvent en pente mais pas toujours : il niche sur les plateaux, dans les rigoles, les éboulis et les grottes. En période de reproduction il se nourrit principalement au-dessus des plateaux continentaux et des tombants.
En-dehors de la période de reproduction, il se rencontre principalement dans les zones d'upwelling, riches en plancton.

Comportement traits de caractère

Le Prion de la Désolation est une espèce grégaire, en mer comme sur terre.
En mer, on l'observe souvent dans d'importants groupes qui peuvent atteindre plusieurs milliers d'individus où se mêlent différentes espèces du genre Pachyptila ainsi que des Prions bleus (Halobaena caerulea). Il lui arrive de suivre les bateaux pendant de courts moments en tournant autour d'eux.
Il revient ou repart des colonies lorsqu'il fait nuit, notamment pour échapper à son principal prédateur, le Labbe brun (Stercorarius antarcticus). Avant la tombée de la nuit, il se concentre par milliers au large des sites de reproduction. Pour repérer son terrier, il utilise son odorat.
En hiver (de juin à octobre), après des tempêtes, il s'échoue régulièrement sur les côtes au sud de l'Australie et en Nouvelle-Zélande.
Pendant longtemps, la sous-espèce macgillivrayi était uniquement connue sur l'archipel de Saint-Paul et Amsterdam. Ce n'est qu'en 2012/2013 qu'une autre population est décrite dans une grotte de l'île Gough, dans l'Océan Atlantique. En effet, cette sous-espèce a depuis toujours été apparentée au Prion de Forster qui est très présent sur cette île. Sur la base de la morphologie, notamment celle du bec (bicolore, moins gros) ainsi que de l'écologie (le Prion de MacGillivray se reproduit durant l'été austral alors que le Prion de Forster se reproduit à la fin de l'hiver), le Prion de MacGillivray a été reconnu nicheur sur l'île Gough en 2014 qui concentre désormais la plupart de la population nicheuse.

Vol

Le Prion de Salvin a un vol typique de prion, rapide et énergique, épousant la surface de l'eau. Il alterne des planés, d'autant plus longs que le vent est portant, et des séquences de vol battu moins longues, aux battements rapides et saccadés avec des balancements sur l'aile. L'état de la mer joue beaucoup sur l'aspect du vol. Par vent modéré, le vol est plus calme.

Alimentationmode et régime

Le Prion de Salvin se nourrit de crustacés (notamment de krill et d'amphipodes), de céphalopodes et de très petits poissons. En période de reproduction, sur l'île Marion, les crustacés peuvent représenter plus de 97% du régime alimentaire. Il attrape ses proies en vol, en "hydroplanning" ou posé, dans les 10 premiers centimètres d'eau. Posé, il plonge la tête sous l'eau. Il filtre aussi la pellicule de surface à l'aide des lamelles de sa mandibule supérieure pour récupérer le zooplancton. Il est enfin capable de plonger à faible profondeur. Pour repérer ses proies, il utilise notamment son odorat qui est très développé.
Ces prions pêchent souvent en groupes pouvant compter plusieurs centaines ou milliers d'individus. Il se mêle alors volontiers à d'autres espèce de prions. Ils suivent parfois les bateaux de pêche et les baleines.
Les poussins sont nourris au terrier par régurgitation incomplète.

Reproduction nidification

Les Prions de Salvin sont philopatriques, c'est à dire qu'ils reviennent fidèlement chaque année à leur site de nidification, dans le même terrier ou dans un terrier proche. Ils sont monogames. Des "échanges" de partenaires sont toutefois possibles, surtout pour une question de terrier.
Cette espèce à nidification hypogée s'installe dans des éboulis ou creuse un terrier tortueux qui mesure entre 0,93 et 1,35 mètres de longueur, parfois plus. Il aménage son nid dans une chambre avec des brindilles et de la végétation. Tant qu'il est en bon état, le terrier est réutilisé d'une année sur l'autre.
Les adultes reviennent dans les colonies fin septembre. C'est alors que les couples se forment. Après les accouplements, les adultes repartent en mer pendant environ deux semaines pour s'engraisser. La femelle pond un unique œuf fin novembre, généralement le soir de son retour. L'œuf est blanc et mesure en moyenne 50 mm de long et 36 mm de large pour une trentaine de grammes.
L'incubation dure 44 à 55 jours. Le mâle et la femelle couvent l'œuf chacun pendant 0,5 à 11 jours consécutifs (6,5 en moyenne). Les mâles couvent plus longtemps que les femelles : en moyenne 7,5 jours consécutifs pour les mâles et 5,5 pour les femelles. Les changements de partenaires sont effectués en début de nuit. Les œufs peuvent rester plusieurs heures sans être couvés (en moyenne un cumul de 2 jours sur la totalité du temps d'incubation). Si le partenaire ne revient pas au bout de quelques jours, l'individu qui couve est contraint d'abandonner l'œuf pour aller se nourrir en mer. Cette espèce n'effectue pas de ponte de remplacement.
Après l'éclosion, le poussin est couvé pendant quelques heures. Le poussin est rapidement émancipé thermiquement et les deux adultes peuvent partir en mer. À la naissance, le poussin pèse 25 grammes. Sur l'archipel de Crozet, il est nourri un jour sur deux par régurgitation incomplète. En fin de croissance, à 44 jours, il atteint un poids maximal de 186 grammes, plus que celui de l'adulte. Ce poids redescendra à 154 grammes environ pour l'envol qui se produit entre la fin du mois de mars et le début du mois d'avril, soit 54 à 65 jours après l'éclosion. Les colonies sont alors désertées.
En mer, la mortalité des juvéniles serait élevée et atteindrait 75%.

Distribution

C'est une espèce qui est majoritairement présente dans les eaux subantarctiques et subtropicales de l'Océan Indien mais une petite population est aussi présente dans les eaux subtropicales de l'Océan Atlantique. Les deux sous-espèces du Prion de Salvin se reproduisent dans deux zones distinctes.
Pachyptila salvini salvini, se reproduit sur des îles proches du front polaire au sud de l'Océan Indien : sur l'archipel de Crozet ainsi que sur les îles Prince Edward et Marion. En hiver, il s'éloigne des sites de reproduction et se disperse, principalement au nord-est. Son aire de répartition atteint alors les eaux subtropicales à l'est de la Nouvelle-Zélande. Certains individus vont à l'est de l'Afrique du Sud (Cap de Bonne Espérance, sud du canal du Mozambique). Les données en Amérique du Sud sont inexistantes ou anecdotiques.
Pachyptila salvini macgillivrayi se reproduit sur l'île Gough, l'île Saint-Paul et auparavant sur l'île d'Amsterdam. En hiver, il semble rester dans les mêmes latitudes : les eaux subtropicales des océans où il se reproduit.

Menaces - protection

Statut de conservation IUCN
Eteint
Menacé
Préoccupation
mineure
Éteint
à l'état sauvage
Quasi
menacé
Non
évalué
EX EW CR EN VU NT LC NE

La sous-espèce nominale, Pachyptila salvini salvini, n'est pas menacée. Elle est très abondante sur les archipels où elle niche. Il y aurait 5,4 millions de couples soit environ 12 millions d'individus. La population est principalement concentrée sur l'archipel de Crozet (plusieurs millions de coules) et environ 100 000 couples nichent sur les îles Prince Edward et Marion.
Le Prion de MacGillivray est considéré comme en danger par l'UICN : sa population nicheuse est restreinte à deux îles (Gough et Saint-Paul) et est menacée par la Souris grise (Mus musculus), un prédateur introduit. Il a été pendant longtemps cantonné sur un rocher, la roche quille, situé à côté de l'île de Saint-Paul. Il y a entre 150 et 200 couples sur cette roche. En 1997, l'île Saint-Paul a été dératisée. Depuis, elle a été recolonisée, et atteindrait aujourd'hui plusieurs milliers de couples. La population de l'île Gough a été découverte récemment puisqu'elle a été reconnue en 2014. Elle constitue désormais le principal réservoir de cette sous-espèce. Le nombre d'individus est inconnu mais il se situerait entre 100 000 et 1 million.
Sur les sites de reproduction, cette espèce est très sensible aux prédateurs introduits : chats harets (sur l'île aux Cochons à Crozet et auparavant à Marion), rats (sur l'île de la Possession à Crozet et à Amsterdam) et souris (sur les îles Gough, Marion, Amsterdam et Saint-Paul). Les îles où ces prédateurs sont apparus, ont vu les populations de Prion de la Désolation (et d'autres petits pétrels) s'effondrer. Ainsi, le Prion de MacGillivray a disparu de l'île d'Amsterdam et avait disparu de l'île Saint-Paul à cause de la présence du rat et les succès reproducteurs sur l'île Gough sont très faibles (environ 7% en 2013/2014 et 2015/2016) à cause des souris qui se nourrissent des œufs et des poussins. D'autres mammifères tel que les lapins (sur l'île de l'Est à Crozet) détériorent les sites de reproduction. Les premières mesures qui ont été prises telles que l'éradication des rats ont eu pour effet un accroissement relativement rapide et significatif des effectifs de prions comme en témoigne la recolonisation de l'île Saint-Paul. Un projet d'éradication des souris sur l'île Gough est en cours et sera grandement bénéfique au Prion de MacGillivray. Une dératisation de l'île d'Amsterdam pourrait permettre la recolonisation de cette île.
Outre les prédateurs introduits, sur les sites de reproduction, les Labbes bruns sont des prédateurs naturels des prions : ils attrapent les adultes de jour en-dehors des terriers. En mer, cette même espèce et les Pétrels géants et de Hall (Macronectes sp.) peuvent occasionnellement se nourrir de prions.

Autres références utiles

QRcode Prion de SalvinFiche créée le 02/05/2020 par
© 1996-2024 Oiseaux.net